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Négociation collective et flexibilité interne : Comparaison France-Allemagne

Négociation collective et flexibilité interne : Comparaison France Allemagne et quels enseignements pour la France ? De nombreux travaux soulignent les performances productives de l’économie allemande et notamment sa capacité à s’adapter à la conjoncture économique mondiale.

Published on : 31/03/2015

Mis à jour le : 24/01/2025

Négociation collective et flexibilité interne : FR vs ALL

Traduire les mécanismes de négociation collective et les dispositifs de flexibilité interne de l'allemand au français : tel était l'enjeu du séminaire organisé par France Stratégie. Ce séminaire visait bien au-delà de cette traduction en initiant une approche comparative des relations sociales, basée sur des diagnostics croisés entre les deux pays.

Deux éléments, en particulier, ont attiré l'attention. D’une part, l’usage par les entreprises allemandes de la flexibilité interne, leur capacité à s'adapter en termes de temps de travail, de salaire ou d'organisation, grâce notamment à la négociation collective. D’autre part, la capacité d'adaptation de l'économie allemande à la conjoncture mondiale, révélée par la crise de 2008. L'efficacité des leviers de flexibilité outre-Rhin est souvent érigée en modèle pour l'économie française.

Cette flexibilité repose sur plusieurs facteurs : une décentralisation des négociations collectives, notamment dans les secteurs industriels tournés vers l’exportation, ainsi que des réformes récentes du marché de l’emploi. Ces réformes incluent une dérégulation qui a permis de développer des micro et nano-standards.

Pour les nombreux experts issus du monde académique, des administrations, d'organismes privés et du monde syndical, les mécanismes sous-jacents du "miracle allemand" doivent être clairement exposés. Cela inclut la qualité du dialogue social, le particularisme institutionnel et la politique salariale.

Contrairement à ce qui se passait dans les années 1980, l'évolution des salaires en Allemagne est aujourd'hui davantage liée à celle de la productivité dans les secteurs concernés. Les secteurs exposés, principalement industriels, affichent une productivité plus élevée que les secteurs des services. Cette connexion entre salaires et productivité garantit que les gains de productivité ne se diffusent pas des secteurs exposés vers les secteurs abrités.

Ce séminaire a permis d’explorer les performances de l’Allemagne en termes d’emploi, mais aussi d’en examiner les contreparties dans d'autres dimensions du marché du travail. Ces approches comparatives des trajectoires des deux pays face à la crise économique ont permis de clarifier les enseignements possibles pour l'économie française.

La crise de 2008 a révélé au grand jour cette capacité structurelle, l’Allemagne lui ayant fait face en préservant l’emploi et ce grâce notamment à différents leviers de flexibilité interne : chômage partiel et ajustement du temps de travail, modération salariale... L’efficacité de ces leviers est directement associée aux modalités de la négociation collective en Allemagne, fréquemment érigée en modèle pour l’économie française.

En effet, en regard, la capacité de flexibilité interne des entreprises françaises et notamment le rôle de la négociation collective fait l’objet de débats récurrents et a donné lieu à des réformes successives ces dernières années.

L’enjeu de ce séminaire est donc d’abord de bien apprécier la contribution effective des mutations de la négociation collective à la capacité d’adaptation et de résilience des entreprises allemandes, et in fine à leurs performances en termes d’emploi. Cela nécessite également de rendre compte finement des transformations du système allemand de relations sociales depuis les années 1990 : quels sont les mécanismes sous-jacents à la décentralisation de la négociation collective (clause de sortie, accords de compétitivité) et quelles en sont les implications en termes d’effectivité et de qualité du dialogue social dans les différents secteurs de l’économie ?

Au regard de cette analyse de la trajectoire allemande, une approche comparative doit permettre de mieux identifier le champ des enseignements possibles pour la France. Quel diagnostic peut-on faire sur les dispositifs de flexibilité interne en France et le dialogue social qui les accompagne (chômage partiel, accords de maintien en emploi, politique salariale…) ?  Dans quelle mesure l’exemple allemand peut-il effectivement être mobilisé à cet égard, au regard des différences institutionnelles et légales entre la France et l’Allemagne ? Quelles  seraient les conséquences sur le système de négociation collective français d’évoluer vers un modèle à l’allemande ?

Intervenants :

  • Jean Pisani-Ferry, commissaire général de France Strratégie
  • Werner Eichhorst, Director of Labor Policy Europe - IZA
  • Odile Chagny, chercheuse à l’IRES
  • Marc-Antoine Estrade, chef du département des Synthèses, Délégation générale à l’emploi et à la formation professionnelle (DGEFP)
  • Katharina Grabietz, responsable syndicale à la direction IG Metall, en charge des politiques de l'emploi au département des politiques sociales
  • Reinhard Bispinck, Institute of Economic and Social Research (WSI) - Hans Böckler Foundation
  • Jacques Freyssinet, président du Conseil scientifique du Centre d’études de l’emploi
  • Gilbert Cette, adjoint au directeur général des études et des relations internationales, Banque de France
  • Peter Etzenbach, directeur financier, Allianz France
  • Jean-Jacques Cette, administrateur salarié de Allianz France, membre du Conseil de surveillance de Allianz SE
  • Pierre Beretti, président directeur général, Altedia Lee Hecht Harrison

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