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Rapport
Publié le
Mercredi 10 Juillet 2019
L’impact de l’immigration sur le marché du travail, les finances publiques et la croissance est difficile à évaluer. Les études sur le sujet tendent à conclure à des effets de faible ampleur.
L’impact de l’immigration sur le marché du travail, les finances publiques et la croissance

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L’impact de l’immigration sur le marché du travail, les finances publiques et la croissance

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L’impact de l’immigration sur le marché du travail, les finances publiques et la croissance

Un résident français sur dix est immigré. On évalue mal pourtant leur impact sur le marché du travail, les finances publiques et la croissance. À cela rien d’étonnant ni de spécifique à la France. Il faudrait, pour mesurer cet impact, pouvoir isoler l’effet « intrinsèque » de l’immigration. Or les caractéristiques sociodémographiques de la population immigrée comme celles, institutionnelles et économiques, du pays d’accueil entrent aussi en jeu. Tout exercice d’évaluation sur le sujet appelle donc une « contextualisation ». C’est le principal enseignement de ce rapport réalisé à la demande de l’Assemblée nationale qui se présente comme « une revue de littérature » sur la question.

La population immigrée en France 

Est immigrée « une personne née étrangère à l’étranger ». En France, c’est le cas de 9,7 % de la population totale en 2018. Concernant les données en termes de « flux » (souvent les plus commentées), deux choses notamment sont à retenir. Un tiers des titres de séjour délivrés en France par le ministère de l’Intérieur (265 000 en 2018) sont relatives à l’immigration étudiante. Au-delà des titres de séjour, environ 80 000 personnes rejoignent la France chaque année au titre de la libre circulation au sein de l’Union européenne.

Aujourd’hui, les personnes nouvellement immigrées en France viennent d’abord d’Europe et d’Afrique, à parts quasi égales. Elles sont beaucoup plus souvent non diplômées que les non-immigrés, mais aussi un peu plus souvent détentrices d’un diplôme au moins égal à la licence.

Un faible impact sur l’emploi et les salaires des non-immigrés

Les personnes immigrées sont moins souvent en emploi que les non-immigrés. Un écart dû au moindre taux d’activité des femmes (inférieur de 20 points à celui des femmes non immigrées), et à un taux de chômage nettement plus élevé, y compris à niveau de diplôme équivalent. Barrière linguistique, problème de reconnaissance des qualifications ou encore discriminations expliquent aussi la surexposition au chômage et le déclassement des personnes immigrées. Un handicap qui diminue avec la durée du séjour.

Quel est l’impact de l’immigration sur les non-immigrés ? D’après les études existantes, il serait  de faible ampleur en France. Un accroissement de 1 % de la main-d’œuvre dû à l’immigration se traduirait, selon les études empiriques, par une variation de l’emploi des non-immigrés comprise entre -0,3 % et +0,3 %, et une variation des salaires comprise entre -0,8 % et +0,5 %.

Un impact plutôt négatif, mais d’ampleur modérée, sur les finances publiques 

Objet d’étude plus récent, l’évaluation de l’impact de l’immigration sur les finances publiques pose « de redoutables problèmes méthodologiques ». Deux exemples pour s’en convaincre. Alors que le système sociofiscal se base largement sur les ménages (et non les individus), comment comptabiliser les couples mixtes ? Idem pour les dépenses d’éducation des enfants d’immigrés nés en France. Ces dépenses sont bien une conséquence directe – et à court terme – de l’immigration. Mais il semble curieux de comptabiliser l’impact sur les finances publiques d’une population durant une période – l’enfance – où elle est par nature uniquement génératrice de coûts.

Ces difficultés expliquent sans doute la rareté des études sur le sujet. Celles du Cepii et de l’OCDE évaluent, à titre d’exemple, à -0,3 point de PIB le différentiel de contribution nette aux finances publiques vis-à-vis des non-immigrés, à partir d’hypothèses pourtant différentes. Cet impact s’explique essentiellement par une moindre contribution aux prélèvements obligatoires, compte tenu d’un niveau de vie moyen plus faible. En revanche, les dépenses de prestations sociales en direction des personnes immigrées ne sont pas plus élevées. À cela une raison simple : le niveau moyen moins élevé des retraites compense le surcroit de dépense en matière de logement et de lutte contre l’exclusion.

Un effet plutôt positif sur la croissance par habitant

L’effet de l’immigration sur la croissance par habitant dépend de trois facteurs. La part des personnes immigrées en emploi peut jouer positivement ou négativement selon l’âge et l’employabilité des personnes immigrées, ainsi que les caractéristiques du marché du travail du pays d’accueil. Le capital humain des actifs immigrés joue positivement : plus les personnes immigrées sont qualifiées plus l’impact sur la croissance est favorable. Enfin, les études tendent à montrer que l’immigration augmente la productivité globale des facteurs en élargissant le vivier de main-d’œuvre et en augmentant la mobilité professionnelle.

Globalement, la majorité des études – quoique non spécifiques à la France – conclut à un effet cumulé positif de ces trois facteurs sur la croissance par habitant à long terme.

Comment mieux évaluer ?

Ce que révèle en premier lieu cette revue de littérature, ce sont les difficultés de méthode sur lesquelles bute l’évaluation. Les lever toutes paraît peu probable. En revanche, des améliorations sont possibles. Le rapport en liste quatre principales.

Le suivi des trajectoires de la population immigrée pourrait être amélioré, notamment en termes d’insertion professionnelle. Les effets de l’immigration sur l’emploi pourraient être davantage étudiés, notamment en estimant l’apport de la population immigrée aux métiers en tension. Des évaluations de l’impact de l’immigration sur les finances publiques pourraient être réalisées à intervalles réguliers, en s’inspirant de la méthodologie utilisée par le Cepii et l’OCDE. Enfin, il s’agirait d’évaluer également les politiques d’intégration. L’impact de l’immigration n’a de fait rien d’automatique. Il dépend de l’existence et de la qualité de ces politiques.

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