Le vieillissement de la population française va se poursuivre durant les deux prochaines décennies, sous l’effet de l’augmentation de l’espérance de vie et du vieillissement des générations nombreuses du baby-boom. De ce fait, les finances sociales subiront un choc démographique de grande ampleur. France Stratégie présente une étude originale estimant l’impact de ce choc sur les dépenses, les recettes et le solde de la protection sociale. Ces impacts sont également mis en perspective avec les effets du vieillissement sur les comptes sociaux dans les décennies passées, mais aussi avec les évolutions démographiques attendues dans les autres pays européens. Enfin, l’effet pur du vieillissement démographique sur les comptes sociaux est mis en regard avec les effets attendus des réformes déjà engagées. Pour réaliser cet exercice, on estime quelles seraient aujourd’hui nos dépenses et recettes de protection sociale si la structure par âge de la population était, selon le cas : celle de la France du futur, celle de la France du passé, celle de nos voisins aujourd’hui ou encore celle de nos voisins demain.
L’impact du vieillissement anticipé pour 2040 sur les comptes sociaux est de l’ordre de 5 point de PIB
On raisonne à niveau inchangé de prestations reçues et de contributions versées, en moyenne, à chaque âge. Si la pyramide des âges avait été, en 2019, celle qui est attendue pour 2040, les dépenses de protection sociale auraient été supérieures de 100 milliards d’euros à leur valeur observée (qui était de 703 milliards d’euros dans le champ retenu). Un même raisonnement côté financement ferait apparaître des recettes diminuées de 20 milliards d’euros. Au total, le solde de la protection sociale, qui avait été excédentaire de 0,5 point de PIB en 2019, aurait été déficitaire de 4,5 points de PIB.
Une pression moins violente en France que chez nos voisins européens.
L’ampleur de la pression démographique serait plus importante si le vieillissement de la population se faisait au rythme attendu chez nos voisins européens. Ces derniers bénéficient presque tous, aujourd’hui, d’une situation démographique plus favorable que la nôtre du point de vue du financement des dépenses sociales. En effet, la part des personnes d’âge actif dans la population y est souvent plus importante que chez nous. A l’inverse, à l’avenir, pour les deux-tiers des pays européens, la faiblesse actuelle des effectifs de jeunes se traduira par une baisse brutale des effectifs de personnes d’âge actif.
Une pression forte mais soutenable au regard des adaptations passées et attendues de notre système social
L’ampleur de la pression démographique sur les comptes sociaux est du même ordre de grandeur que celle à laquelle il a fallu faire face ces vingt dernières années. Or dans le passé, notre système social s’est adapté au vieillissement de la population et l’impact financier du choc démographique a été absorbé.
Notre pays s’est en partie préparé au choc à venir : les réformes décidées dans le passé en matière de retraite vont conduire à des départs plus tardifs, et à un recul du niveau de vie relatif des retraités, aujourd’hui supérieur à celui de l’ensemble de la population. Elles devraient permettre d’absorber au moins les trois quarts de l’impact total du vieillissement sur nos comptes sociaux, d’après les projections du COR. Mais notre système de protection sociale devra encore s’adapter au choc à venir, qu’il s’agisse de combler le besoin de financement restant (entre 0,6 et 1,4 un point de PIB en 2040), ou de financer des besoins nouveaux.