Les données mobilisées pour cette étude proviennent de deux sources différentes : l'échantillon démographique permanent de 2019 (100 000 individus nés entre 1972 et 1987) et l'enquête formation et qualification professionnelle de 2014. L'étude porte sur l'ensemble des individus, qu'ils aient perçu un revenu ou non.
Des caractéristiques individuelles étudiées, l'origine sociale s'avère la plus déterminante en termes de revenu d'activité
En moyenne, environ 1 100 euros nets par mois séparent le quart des personnes d'origine favorisée du quart des personnes d'origine modeste, à origine migratoire et territoriale comparable. C'est presque deux fois plus que l'écart entre les femmes et hommes (600 euros). À origine sociale donnée, les écarts de revenus selon le lieu de résidence à l'adolescence (région, territoire urbain versus rural) et surtout l'ascendance migratoire sont d'ampleur moins importante : 440 euros entre régions les plus riches et les plus pauvres, moins de 250 euros entre zones urbaines sensibles (ZUS) ou non ZUS, ), facteur qui joue lui-même plus que l'ascendance migratoire (environ 200 euros entre les natifs et les descendants d'immigrés d'Afrique).
Les femmes gagnent en moyenne 25 % de moins que les hommes, et les personnes d'origine modeste 37 % de moins que celles d'origine favorisée, quel que soit le sexe. Les hommes d'origine favorisée gagnent le double des femmes d'origine défavorisée. Ces constats ne signifient pas que le sexe et l'origine sociale détermineraient la position sociale atteinte des personnes : une hétérogénéité de revenus importante existe au sein des catégories.
Les écarts de revenus entre origines sociales sont essentiellement liés au parcours éducatif
75% de l'écart de revenu entre personnes d'origine favorisée et modeste est lié au parcours éducatif. Si les personnes d'origine modeste gagnent moins que celles d'origine favorisée, c'est donc essentiellement parce que le parcours éducatif de ces dernières leur permet une meilleure insertion dans l'emploi et de meilleurs salaires. Le niveau de diplôme atteint est plus décisif que sa spécialité, ou que l'accès à une grande école.
Les écarts entre hommes et femmes sont liés à des situations professionnelles observables différentes, elles-même accentuées par l'arrivée des enfants
Les femmes sont plus diplômées que les hommes, mais dans des filières moins favorables en termes de revenu. Au total, les écarts de revenus d'activité entre les hommes et les femmes ne sont pas liés au parcours scolaire dans son ensemble mais à des situations professionnelles observables différentes : à parcours éducatif donné, environ 45 % des écarts de revenu d'activité hommes et femmes sont liés des situations différentes sur le marché du travail. À caractéristiques éducatives comparables, les femmes sont plus souvent à temps partiel, ce qui compte pour 24 % des écarts de revenu, sont moins en emploi (6 % de l'écart total) et occupent un poste moins bien rémunéré (13 % de l'écart total). L'arrivée des enfants explique près de 60 % des écarts entre hommes et femmes. Selon nos estimations, l'arrivée des enfants fait baisser le revenu d'activité des femmes de l'ordre de 20 % à l'horizon de cinq ans après leur naissance. Pour les hommes, on ne trouve pas d'effet significatif en moyenne.