En particulier un appel à contributions pour un « après » soutenable organisé autour de sept axes thématiques[1] et les différentes séances initialement prévues ont été reprises en les articulant explicitement avec les enjeux nouveaux imposés par la crise sanitaire, et la crise économique et sociale qui s’annonce.
Après une première séance sur les « concepts et terrains » et une deuxième sur les indicateurs de soutenabilités dans les politiques, cette séance, séquencée en quatre temps, interroge la capacité des modèles à nous prémunir de l’insoutenable.
Les modèles sont emblématiques des outils construits pour refléter notre compréhension de la complexité du monde dans nos prises de décision. Ils ont été et sont toujours largement utilisés aujourd’hui pour appréhender différents enjeux de soutenabilités : le rapport du Club de Rome se fondait en grande partie sur des simulations de modèles pour démontrer la non soutenabilité du rythme de l’épuisement des ressources ; le GIEC s’appuie sur une multitude de scénarios issus de différents modèles climatiques et macroéconomiques ; le monde de la finance s’appuie largement sur des modèles pour évaluer les risques et anticiper les fluctuations ; les gouvernements évaluent ex ante l’impact de leur politiques économiques à l’aune de résultats de modèles macroéconomiques ; les épidémiologistes se réfèrent à des expérimentations « in silico » pour anticiper la propagation d’une épidémie et évaluer les effets potentiels d’instruments permettant de l’enrayer. Dans bien des domaines, ces outils ont d’abord été considérés comme relevant d’une expertise, ils constituent aujourd’hui des supports primordiaux d’aides à la décision. Il convient donc de s’interroger sur le rôle des modèles et scénarios, sur les acteurs qui les construisent et les utilisent, sur leurs caractéristiques et leurs limites intrinsèques, sur les hypothèses et les paradigmes sur lesquels ils reposent et in fine sur leur capacité à nous aider à penser le soutenable, à guider la décision et la fabrique des politiques publiques.
Aujourd’hui, le contexte d’urgence écologique, démocratique et sociale dans lequel s’inscrit cette séance, donne un regard particulier sur ces interrogations. Les incertitudes, les interdépendances, les intersectionnalités et la complexité du monde que ces modèles tentent d’embrasser rendent à la fois paradoxal et essentiel leur rôle de simplification et d’éclairage.
Dans ce cadre, cette séance visera à définir dans quelle mesure les modèles, qui peuvent également prendre la forme de récits et de scénarios, permettent d’évaluer les risques d’insoutenabilités et les interactions qui pèsent sur nos sociétés ; cette séance visera également à identifier et comprendre les limites de ces outils à la fois dans leurs caractéristiques techniques, conceptuelles et idéologiques propres mais aussi dans leur usage pour guider les décisions publiques ou privées.
Pour ce faire, nous souhaitons créer un dialogue entre les différents acteurs qui conçoivent et critiquent les modèles, les acteurs qui réfléchissent aux enjeux de soutenabilités et ceux qui sont des utilisateurs potentiels des résultats de ces modèles (organisations internationales, États, collectivités locales, entreprises, ONG, etc.) pour interroger :
- La pertinence des périmètres conceptuels des modèles et du cadre conceptuel global, voire des paradigmes, dans lequel ils s’inscrivent (méta-modèle) et par là la neutralité des modèles ;
- La pertinence des hypothèses et des fondements théoriques sur laquelle ces modèles reposent ;
- Le domaine de validité des concepts/mécanismes que ces modèles intègrent ;
- Et enfin le rôle que jouent les modèles dans l’élaboration des politiques publiques.
La finalité de cette séance est d’appréhender la capacité des modèles et des outils de modélisation à guider la décision publique et la fabrique de politiques publiques à l’aune des soutenabilités.
Cette séance se construit en quatre temps. La web conférence ci dessous, premier temps de cette séance, s’intéressera à l’utilité des modèles pour la gestion de crise et pour la prévention des risques, en lien avec la pandémie du Covid 19.
Cette web conférence est suivie de trois podcasts qui aborderont chacun un aspect des questionnements liés aux modèles. Dans un premier temps, nous reviendrons sur le concept de modèle au travers d’une analyse épistémologique et historique de la modélisation (podcast n°1). Nous questionnerons ensuite la capacité à modéliser des (in)soutenabilités. Pour ce faire, nous “entrerons” dans les modèles utilisés dans des domaines différents, afin de faire émerger des problématiques générales (podcast n°2). Nous aborderons enfin la manière dont les modèles sont utilisés pour alimenter la connaissance nécessaire à la prise de décision et leur rôle dans l’élaboration des politiques publiques (podcast n°3). Chaque podcast est assorti de « points de vue » sur la base d’entretiens réalisés avec des chercheurs, penseurs et acteurs de la modélisation.
[1] Cet appel vise à animer la réflexion et recueillir les propositions pour préparer la sortie de crise et le modèle « d’après », pour faire émerger des pistes, des principes d’un modèle d’action publique, en intégrant une vision de long terme.