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Trois ans après, l'Energiewende sur le point d'échouer ?

L’Energiewende, la transition énergétique allemande, entre dans sa troisième année d’existence. S’apparentant à une marche forcée vers une économie exempte d’énergies nucléaire et fossiles, elle a été longtemps source d'admiration et érigée en modèle par les Allemands eux-mêmes. Mais elle laisse la place aujourd’hui au scepticisme, voire aux critiques face à l’explosion des prix du kWh et à l’augmentation des émissions de CO2 outre-Rhin.

Publié le : 02/10/2014

Mis à jour le : 24/01/2025

Trois ans après, l'Energiewende sur le point d'échouer ?

L'Allemagne est souvent prise comme modèle, et en matière d'écologie, elle n'échappe pas à la règle. Mais le tournant énergétique décidé il y a trois ans par nos voisins est à relativiser. Suite à la catastrophe de Fukushima, l'Allemagne a intensifié un programme entamé il y a une quinzaine d'années : fin du nucléaire à l'horizon 2022 et réduction des émissions de CO2 de 95 % d'ici 2050. Un objectif ambitieux qui doit relever trois défis : environnemental, économique et géopolitique.

"Tout l'enjeu pour l'Allemagne, pour l'Europe, et même au niveau de l'Union européenne, c'est de trouver des voies qui permettent de répondre à ces trois défis. Jusqu'à présent, on tâtonne un peu, il faut bien le dire."

En Allemagne, l'énergie est depuis plusieurs décennies un sujet de société, là où en France, elle reste principalement un sujet d'experts. Cela explique les difficultés en France à conduire un débat national sur la transition énergétique, un exercice inédit, alors qu'en Allemagne, le sujet est largement discuté dans le grand public. Actuellement, le Parlement français débat également des énergies renouvelables, un sujet qui déchaîne les passions.

La transition énergétique allemande, plutôt radicale, fait cependant la part belle au charbon, très polluant. Résultat : l'Allemagne a augmenté ses émissions de gaz à effet de serre. Par ailleurs, cette politique coûte cher, plusieurs centaines de milliards d'euros. Deux théories s'opposent. La première soutient que passer aux énergies renouvelables crée des emplois et ouvre de nouvelles opportunités économiques. La seconde avertit que ces énergies, encore chères, peuvent nuire à la compétitivité économique.

En France, le nucléaire reste l'énergie la moins coûteuse. Opter pour des énergies plus onéreuses pourrait pénaliser des entreprises déjà fragilisées. Adopter une vision globale semble être le meilleur moyen pour la France d'effectuer une transition énergétique raisonnée. La coopération entre la France et l'Allemagne, premier consommateur d'énergie en Europe, est essentielle, car les enjeux dépassent les cadres nationaux.

Cette transition, l'Allemagne a les moyens économiques pour la mener à bien, d'autant plus que l'opinion publique y est largement acquise. Mais une chose est sûre : les choix de la France, premier producteur d'énergie du continent, auront des répercussions sur toute l'Europe.

Le vice-chancelier allemand Sigmar Gabriel, en charge de la transition énergétique, est allé jusqu’à déclarer en mai dernier que l’Energiewende était sur le point d’échouer et que les Allemands en avaient sous-estimé la complexité. Simples turbulences passagères, ou au contraire erreurs de conception beaucoup plus profondes ?

Programme

Introduction et animation du débat par Etienne Beeker, France Stratégie

Avec :

  • Marc Olivier Bettzüge, EWI (Institute of Energy Economics - Université de Cologne)
  • Cécile Maisonneuve, Institut français des relations internationales (IFRI)
  • Christophe Schramm, Terranova
  • Dimitri Pescia de l'Agora Energiewende

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