La France a plutôt bien géré la crise en 2020-2021 du point de vue de l’emploi, du PIB, de la mortalité et de la santé financière des entreprises. La reprise a été comparativement plus forte en France que dans les autres pays européens du groupe de comparaison. La France a été un des premiers pays à rattraper son niveau de PIB d’avant-crise à l’été 2021. Cependant, on constate plus de déficit public et un accroissement de la dette publique en points de PIB plus important qu’en Allemagne mais bien moindre notamment qu’au Royaume-Uni, en Espagne et aux Etats-Unis. La crise s’est traduite à court terme par une perte de productivité.
On constate une explosion du télétravail en France : 27 % des salariés interrogés le pratiquaient de façon régulière en janvier 2021 contre 4 % en 2019. À moyen terme, les analyses pointent plutôt vers des conséquences sur le tissu productif et la productivité probablement positives pour le pays en lien avec le télétravail, une meilleure diffusion des nouvelles technologies et les réallocations.
Le rapport souligne le rôle essentiel de la formation et des soft skills, qui représentent structurellement l’enjeu majeur du pays pour accélérer les gains de productivité. Les mesures visant à continuer à améliorer l’attractivité du site France sont déterminantes pour réindustrialiser le pays et attirer les activités à haute valeur ajoutée et ainsi à la fois regagner en compétitivité, accélérer les gains de productivité, améliorer l’emploi et les niveaux de vie, et permettre une meilleure gestion de la transition écologique. Il s’agit en particulier de continuer à faire évoluer la fiscalité pour qu’elle ne pèse pas plus sur les facteurs de production (capital et travail) en France que dans les autres pays avancés.
Le Conseil national de productivité
Le Conseil de l’Union européenne a adopté en septembre 2016 une recommandation sur la création de conseils nationaux de productivité dans chaque État membre de la zone euro. Ces conseils sont chargés d’analyser le niveau et l’évolution de la productivité et de la compétitivité de leur économie relativement à celles des autres États membres ainsi que les politiques susceptibles d’avoir une incidence sur ces deux volets. L’analyse de la compétitivité couvre l’évolution des prix et des coûts, la formation des salaires tout comme les aspects de compétitivité hors prix.
Institué en France le 23 juin 2018, le CNP est hébergé à France Stratégie. Présidé depuis début 2022 par Natacha Valla, doyenne de l’École de Management et Innovation de Sciences Po, il est composé de quinze experts indépendants. Il procède à des analyses indépendantes et renforce le dialogue au niveau national sur ces sujets.
Composition du CNP :
La présidence du CNP est confiée à Natacha Valla pour une période de deux ans renouvelable. Outre sa présidente, le CNP compte quinze membres :
- Céline Antonin, OFCE
- Olivier Blanchard, MIT et Peterson Institute for International Economics
- Gilbert Cette, NEOMA Business School
- Chiara Criscuolo, OCDE
- Anne Epaulard, Université Paris-Dauphine
- Olivier Garnier, Banque de France
- Sebnem Kalemli-Özcan, Université du Maryland
- Jean-François Jamet, Banque centrale européenne
- Sébastien Jean, CNAM
- Margaret Kyle, Mines ParisTech
- Giuseppe Nicoletti, LUISS Lab of European Economics
- Lucrezia Reichlin, London Business School
- Alexandra Roulet, INSEAD
- Moritz Schularick, Université de Bonn et Sciences-Po
- David Thesmar, MIT Sloan School of Management
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Les opinions exprimées dans ce rapport engagent leurs auteurs
et n'ont pas vocation à refléter la position du gouvernement