Rapport

Les métiers en 2030

Les Métiers en 2030 dresse un panorama chiffré des perspectives des métiers à l’horizon 2030 qui intègre à la fois les grandes tendances observées par le passé et les évolutions attendues sur les plans démographiques, économiques, technologiques et environnementaux. Le rapport, coréalisé par France Stratégie et la Dares, vise à anticiper les évolutions et besoins par secteur et les déséquilibres potentiels entre offre et demande d’emploi, afin de guider les politiques publiques. Au regard des bouleversements économiques et sociaux induits par la crise sanitaire, le rapport éclaire leur impact à moyen terme sur la dynamique d’emploi des secteurs d’activité et des métiers. Il tient également compte des enjeux liés à la lutte contre le réchauffement climatique.

Publié le : 10/03/2022

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Les métiers en 2030 - Quels métiers recruteraient le plus

Les métiers 2030 visent à établir un panorama chiffré des besoins de recrutement par profession dans 83 familles professionnelles. Ces besoins de recrutement sont liés d'abord aux créations d'emplois, donc à la dynamique des métiers, mais également et surtout aux départs en fin de carrière des seniors qui quittent définitivement le marché du travail.

Ce qu'on ne sait pas souvent, c'est que dans les besoins de recrutement, qui vont avoisiner les 800 000 par an, les départs en fin de carrière seront beaucoup plus importants que les créations de postes. Cela représente environ neuf postes sur dix. Cependant, cela ne vaut pas pour tous les métiers. Certains métiers verront leurs besoins de recrutement essentiellement déterminés par les départs en fin de carrière, comme les enseignants.

Dans d'autres cas, environ neuf postes sur dix seront liés aux départs en fin de carrière, avec quelques créations d'emplois, comme pour les agents d'entretien, et encore davantage pour les aides à domicile, qui affichent une dynamique de croissance notable.

Il existe également des métiers où le dynamisme de l'emploi constituera un quart des postes à pourvoir, comme pour les aides-soignants, les cadres commerciaux ou technico-commerciaux. Enfin, certains métiers seront presque équilibrés entre créations d'emplois et départs en fin de carrière, comme les ingénieurs et cadres de l'industrie, ainsi que les infirmiers et sages-femmes.

Une singularité importante réside dans les ingénieurs de l'informatique, qui seront les seuls à enregistrer des créations d'emplois supérieures aux départs en fin de carrière. Ces métiers, particulièrement dynamiques en termes d'emploi, le resteront dans la décennie à venir, comme ils l'ont été par le passé. Ils sont très attractifs, aussi bien pour les jeunes que pour les actifs expérimentés, avec une démographie et une dynamique d'emploi favorables.

Les créations d'emplois

Dans le scénario de référence, 1 million d’emplois seraient créés entre 2019 et 2030, dont deux tiers dans les services marchands. Avec la poursuite de la tertiarisation de l’économie, la croissance de l’emploi dans les services serait équivalente à celle de l’emploi d’ici 2030. Le poids des services traduit la spécialisation hexagonale, d’une part dans les services aux entreprises, d’autre part dans les services d’utilité collective portés par la socialisation des dépenses d’éducation, de santé et d’action sociale. Les services généraux de l’administration continueraient de se replier. Il en va de même de l’emploi agricole qui poursuivrait sa décrue au même rythme que par le passé. En revanche, les métiers industriels se redresseraient, inversant la tendance baissière des années passées

Entre 2019 et 2030, seraient créés :

  • 410 000 postes de médecins, infirmiers, professions paramédicales, aides à domicile et aides-soignants
  • 180 000 postes dans les métiers de l’informatique et de la recherche
  • 135 000 postes d’ouvriers de la manutention
  • 120 000 postes dans les métiers du bâtiment (dont la moitié de cadres)
  • 45 000 postes dans les métiers industriels 

Les métiers en 2030 - Quels métiers créeraient le plus d'emplois ?

Jusqu'à un million d'emplois pourraient être créés à l'horizon 2030. Cette dynamique de l'emploi sera concentrée dans deux grandes familles de métiers.

D'abord, les métiers de santé et de soins aux personnes fragiles, pour lesquels 370 000 postes sont anticipés à l'horizon 2030. Cela concernera principalement les professions de médecins, d'infirmiers et d'aides à domicile, qui vont en particulier répondre à l'accentuation des besoins en matière de santé et d'accompagnement de la population âgée en perte d'autonomie.

La deuxième grande famille de métiers qui va bénéficier de cette dynamique favorable de l'emploi est celle des métiers qualifiés de services aux entreprises. En particulier, on retrouve deux professions parmi les principales créatrices d'emplois à l'horizon 2030. Ce sont d'abord les ingénieurs de l'informatique, qui vont répondre aux besoins en matière de numérisation de l'économie et à la poursuite de cette numérisation, qui traverse l'ensemble des activités et qui sera accentuée notamment par l'intensification et le développement du télétravail.

La deuxième profession qui sera également très dynamique est celle des personnels d'études et de recherches, qui vont répondre aux besoins en compétences scientifiques, développées dans l'ensemble des activités pour répondre notamment à la transition environnementale.

Au total, les créations d'emplois à l'horizon 2030 vont concerner l'ensemble des niveaux de qualification, d'ouvriers à ingénieurs, et l'ensemble des niveaux de diplômes.

Graphique les métiers en plus forte expansion

Quels métiers pour quel niveau de diplômes ?

Graphique les métiers les plus dynamiques pour les diplômés du supérieur

Quels métiers recruteraient le plus ?

À ces créations nettes d’emplois s’ajoutent les départs en fin de carrière des dernières générations de baby-boomers, la somme des deux donnant les postes à pourvoir ou besoins de recrutement par métiers, soit au total près de 800 000 postes à pourvoir chaque année d’ici 2030 (près de 90 % provenant du remplacement des départs des seniors).

Parmi les quinze métiers comptant le plus de postes à pourvoir, trois catégories se distinguent : 

  1. La première catégorie comprend les métiers pour lesquels les postes à pourvoir correspondent essentiellement à des départs en fin de carrière : c’est le cas pour les agents d’entretien, les enseignants, les conducteurs de véhicules et des vendeurs ;
  2. La deuxième catégorie regroupe les métiers où les créations d’emploi contribueraient pour au moins un quart des postes à pourvoir : les cadres administratifs, comptables et financiers, les cadres commerciaux et technico-commerciaux, les aides-soignants et aides à domicile, les infirmiers, sages-femmes, les ouvriers qualifiés de la manutention, les médecins et les techniciens de la maintenance ;
  3. La troisième catégorie regroupe les ingénieurs de l’informatique et les ingénieurs et cadres techniques de l’industrie : ces métiers, relativement jeunes, conjugueraient un fort dynamisme de l’emploi et de faibles départs en fin de carrière, les postes nouvellement créés représentant au moins la moitié des postes à pourvoir.
Graphique les métiers avec le plus de poste à pourvoir dans le scénario de référence

Les métiers en 2030 - Dans quels métiers anticipe-t-on des difficultés de recrutement ?

Pour identifier les difficultés de recrutement potentiel à 2030 dans les métiers, on chiffre d'abord les besoins de recrutement, c'est-à-dire les postes à pourvoir qui vont se libérer parce qu'on a des départs en fin de carrière ou qui vont se créer parce qu'on a une dynamique d'emploi. On met en regard les jeunes de 18 ans qui s'insèrent sur le marché du travail, qui sortent de leurs études initiales et qui vont occuper ces postes.

Par rapport à la tension actuelle sur les recrutements, parce qu'on sait aujourd'hui qu'on a beaucoup de métiers qui sont en tension, la plupart des métiers, en fait la majorité, vont avoir des difficultés de recrutement qui vont se maintenir ou s'aggraver si on tient compte simplement des jeunes débutants qui entrent sur le marché du travail. C'est en particulier le cas aussi bien des ingénieurs informatiques que des aides à domicile.

On va avoir des métiers où, à l'inverse, les tensions actuelles sur les recrutements vont se réduire. C'est le cas en particulier des employés de l'hôtellerie-restauration. Puis, il y a des métiers qui ne sont pas en tension aujourd'hui mais qui pourraient voir apparaître des difficultés de recrutement parce qu'ils ont énormément de postes à pourvoir et pas assez de jeunes pour les occuper.

Par exemple, les agents d'entretien, ce sont des métiers expérimentés de seconde partie de carrière où il y a assez peu de jeunes, ou encore les ouvriers qualifiés de la manutention, qui sont aussi souvent exercés après une promotion après avoir été ouvrier non qualifié de la manutention

Déséquilibres potentiels et difficultés de recrutement

Pour chaque métier, on confronte les besoins de recrutement des employeurs en 2030 avec le vivier potentiel de jeunes qui y débuteraient afin de mettre en évidence des déséquilibres. Les déséquilibres anticipés en 2030 sont « partiels » et « potentiels ». « Partiels » parce qu’ils pourront être comblés (ou aggravés) par le retour en emploi de chômeurs ou les mobilités professionnelles entre métiers par exemple. « Potentiels » parce qu’il s’agit de projections dont l’objectif est précisément d’alerter sur la nécessité de prévenir ces déséquilibres.

Pour combler ces déséquilibres potentiels, il s’agira ainsi de renforcer l'attractivité de ces métiers pour les jeunes, mais aussi pour les professionnels déjà en emploi en facilitant les transitions professionnelles, de former des chômeurs ou de favoriser l’entrée sur le marché du travail des inactifs. Selon la dynamique et les modes d'alimentation des métiers, les déséquilibres potentiels identifiés ici invitent à diversifier les canaux de recrutement et à adapter les dispositifs d’accompagnement.

graphique les déséquilibres potentiels des métiers ayant des besoins de recrutement élevés

Les difficultés de recrutement pourraient être renforcées ou atténuées

Pour un métier donné, l’indicateur de déséquilibre éclaire sur l’évolution que l’on peut attendre – toutes choses égales par ailleurs – des difficultés de recrutement rencontrées aujourd'hui par les employeurs. Si un métier est en tension aujourd’hui et qu’il ne présente pas de déséquilibre nouveau d’ici 2030, ses difficultés de recrutement devraient rester assez comparables à celles actuelles.

  • Des difficultés de recrutement qui s’accentueraient : la majorité des métiers en tension aujourd’hui continuerait de l’être ou verrait leurs difficultés de recrutement s’aggraver d’ici 2030 en raison d’une faible attractivité. C’est le cas des aides à domicile, des personnels de ménage ou des conducteurs d'engins du bâtiment et des travaux publics.
  • Des difficultés de recrutement à anticiper : quelques professions ne rencontrent pas de difficultés pour recruter aujourd’hui mais pourraient y être confrontées à l’avenir. C’est le cas des ouvriers qualifiés de la manutention, des agents d’entretien ou des ouvriers du textile et du cuir dont la résorption des déséquilibres passera par la capacité à attirer les chômeurs et les salariés exerçant un autre métier, les inactifs ou les immigrés.
  • Des difficultés de recrutement qui se maintiendraient : près de deux métiers sur cinq sont concernés. Pour une large part, l'exercice de ces métiers nécessite des compétences techniques spécifiques qui s'acquièrent par le biais d’une formation professionnelle initiale ou continue. On retrouve par exemple les aides-soignants, les ouvriers qualifiés travaillant par formage de métal, les techniciens et cadres du bâtiment et des travaux publics, les ingénieurs de l'informatique et les ingénieurs et cadres de l’industrie.
  • Des difficultés de recrutement qui s’atténueraient : les tensions actuelles pour les employés et agents de maîtrise de l’hôtellerie-restauration, les coiffeurs et esthéticiens, les techniciens de la banque et des assurances et les employés de la comptabilité pourraient se réduire d’ici 2030.

Quatre catégories de métiers

Les difficultés de recrutement potentielles sont d’abord liées à la forte croissance de la demande de main d’œuvre : agents d’entretien, aides à domicile, conducteurs de véhicule… En définitive, la confrontation des besoins et des ressources en main-d’œuvre dessine une typologie des métiers en fonction de leurs modes d’alimentation et de leur dynamisme démographique et économique. Les experts les ont répartis en quatre catégories.

  1. « Les métiers attractifs » - Ils sont jeunes (peu de départs en retraite en vue), dynamiques en termes de créations d’emplois, et ils continuent de séduire les nouveaux diplômés. Les candidats au recrutement seraient donc assez (voire trop) nombreux. On retrouve dans cette catégorie : les professionnels du droit, les professions paramédicales, ou encore les personnels d’études et de recherche ;
  2. « Les métiers de première expérience » - Également attractifs et plutôt jeunes, ces métiers constituent des tremplins vers d’autres professions (vendeurs) ou un poste de niveau supérieur (ouvriers peu qualifiés de la manutention). La majorité de ces métiers devrait avoir un vivier de recrutement suffisant pour pourvoir les postes inoccupés. Certains seraient même en excès de main d'œuvre, soit parce que les jeunes débutants y sont particulièrement nombreux (professionnels de l’action sociale, culturelle et sportive), soit parce que le métier est peu dynamique (employés administratifs d’entreprise) ;
  3. « Les métiers de seconde partie de carrière » cumuleraient, quant à eux, départs en fin de carrière nombreux et faible arrivée de débutants. Ils ont par le passé attiré de nombreux professionnels venant d’autres métiers parce qu’ils requièrent de l’expérience. Ceux qui créent de l’emploi pourraient manquer de main d'œuvre, aggravant les tensions actuelles sur le recrutement dans les professions du care (aide à domicile), de l’entretien (agent d’entretien), du transport (conducteur de véhicule, manutentionnaire), du bâtiment (ouvriers du second œuvre) ou chez les cadres commerciaux, administratifs et financiers. Ceux dont l’emploi ne progresse pas, ne devraient pas être en déficit de main d'œuvre (secrétaires de direction, cadres de la banque et des assurances) ;
  4. « Les métiers qui ont du mal à attirer » pour lesquels l’arrivée de jeunes entrants ne compenserait pas les départs en fin de carrière d’où des difficultés de recrutement quasi certaines. Au premier rang desquels : les employés de maison (personnels de ménage), les agriculteurs, les secrétaires, les ouvriers du textile et du cuir et les ouvriers qualifiés du gros œuvre du bâtiment.


 

Les métiers en 2030 - Quel serait l'impact sur l'emploi d'un scénario bas carbone ?

L'atteinte des objectifs de la stratégie nationale bas carbone pourrait permettre la création de deux cent mille postes supplémentaires dans l'économie à l'horizon 2030. Ces postes nouvellement créés vont essentiellement bénéficier aux secteurs de la construction et en particulier aux métiers d'ouvriers qualifiés du gros œuvre et du second œuvre du bâtiment qui ont en charge la rénovation énergétique des logements et des bâtiments.

D'autres professions vont également bénéficier de cette transition bas carbone. On pense en particulier aux personnels d'études et recherches qui vont accompagner les innovations technologiques en matière environnementale, mais également aux professions agricoles, aux agriculteurs, aux maraîchers en particulier, qui vont également répondre aux nouveaux besoins en matière de consommation responsable et éthique.

Le scénario bas carbone

Par rapport au scénario de référence, le scénario bas carbone se caractériserait principalement par un surcroît annuel d’investissement de l’ordre d’un point de PIB. Ce scénario conduirait à la création de 200 000 emplois supplémentaires sur la période 2019-2030.

  • 120 000 emplois supplémentaires dans la construction ;
  • 15 000 emplois supplémentaires dans la recherche et le développement ;
  • 45 000 emplois supplémentaires dans les activités juridiques et de conseil ;
  • 15 000 emplois supplémentaires dans l’agriculture.
Graphique Effets sur l'emploi du scénario bas carbone, en écart par rapport au scénario de référence

En conclusion

Le rapport Les Métiers en 2030 illustre à un niveau très détaillé l’importance des politiques publiques relatives notamment à la formation initiale ou continue ou à l’accompagnement des chômeurs, pour orienter la main-d'œuvre vers les métiers de demain. La présente publication sera complétée en 2022 par plusieurs enrichissements. Les besoins en compétences à l’horizon 2030 seront évalués sur la base des projections par métiers présentées dans ce rapport, en distinguant les compétences techniques et les compétences transversales telles qu’elles ont été cartographiées par France Stratégie et Pôle Emploi en 2021. Une déclinaison régionale des déséquilibres nationaux sera également réalisée pour chaque métier.

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France Stratégie & Dares. (2022). Métiers 2030. Quels métiers en 2030 ? Rapport du groupe Prospective des métiers et qualifications. Mars, 198 pages. https://www.strategie.gouv.fr/publications/metiers-2030
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France Stratégie and Dares. Métiers 2030. Quels métiers en 2030 ? Rapport du groupe Prospective des métiers et qualifications, mars 2022, 198 pages. https://www.strategie.gouv.fr/publications/metiers-2030
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FRANCE STRATÉGIE et DARES. Métiers 2030. Quels métiers en 2030 ? Rapport du groupe Prospective des métiers et qualifications. Mars 2022. 198 pages. Disponible à l’adresse : https://www.strategie.gouv.fr/publications/metiers-2030

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