Rapport

REC | L'emploi dans les start-up françaises

Les start-up françaises seraient-elles un moteur « empêché » de création d’emplois ?

Publié le : 28/10/2021

Temps de lecture

8 minutes

La France est parmi les premiers pays de la tech [1] d’Europe occidentale. On y compte aujourd’hui plus d’une quinzaine de licornes [2], 400 incubateurs, accélérateurs et start-up studios, et les levées de fonds ont doublé pour dépasser les 5 milliards d’euros en 2020.  

De fait, si l’écosystème des start-up françaises n’a cessé de se densifier depuis vingt ans, c’est notamment parce que les pouvoirs publics y ont mis les moyens : aides à l’innovation [3], réductions fiscales et sociales [4], opérateurs dédiés [5], plans de soutien – de l’initiative French Tech en 2014, au plan Deeptech et au programme French Tech Next 40/120 [6] en 2019. Tous ces dispositifs visent à soutenir la croissance des start-up et à maintenir le rang de la France dans la compétition technologique mondiale. Pourtant, elles disent peiner à recruter. Il s’agit désormais de mettre les enjeux de recrutement et de formation au premier plan. La pérennisation des start-up en dépend.  

Toutefois, pour accompagner ces entreprises dans leur problématique d’emploi, il faut mieux les connaître. Or à ce jour, leur définition ne fait pas consensus et, en particulier, peu d’outils d’observations statistiques ou qualitatives rendent compte de la situation de l’emploi dans les start-up.  

Ce constat a conduit la Direction générale des Entreprises et France Stratégie à lancer un travail exploratoire fondé sur une double dimension statistique et qualitative. L’objectif est de renforcer les connaissances disponibles sur les start-up, d’établir si elles ont des difficultés de recrutement spécifiques et de mieux identifier leurs besoins en compétences.

À la clé, cinq préconisations sont évoquées pour que les start-up réalisent leur plein potentiel de création d’emplois. 

_______________________

[1] La « tech » renvoie aux entreprises de tous les secteurs de l’économie dont l’innovation repose sur l’utilisation de technologies, qu’elles soient numériques, incrémentales ou de rupture. 
[2] Une licorne est une start-up dont la valorisation dépasse le milliard de dollars. 
[3] Loi Allègre sur l’innovation et la recherche en 1999. 
[4] Le dispositif Jeune entreprise innovante (JEI) et le crédit d’impôt en faveur de la recherche (CIR) en 2004. 
[5] Oséo en 2005, Agence nationale de la recherche en 2005, Bpifrance en 2012. 
[6] Programme d’accompagnement pour les entreprises en forte croissance mobilisant des correspondants dans les administrations et opérateurs publics avec des services dédiés. 

Infographie l'emploi dans les start-up françaises

Le Réseau Emplois Compétences de France Stratégie et la Direction générale des entreprises (DGE) expliquent ce paradoxe avec une étude inédite sur la situation de l'emploi dans les start-up françaises. À la clé : cinq préconisations pour que les start-up réalisent leur plein potentiel de création d'emplois.

Qui sont les start-up et combien sont-elles ?

Popularisée en français par le vocable « gazelle » dans les années 1980, la start-up désigne depuis « une entreprise nouvelle, levant des fonds, portant un projet innovant ou avec un fort potentiel de croissance rapide ». Pour tenir compte de ces différentes caractéristiques, quatre populations d'entreprises ont été considérées :

  • Les gazelles : Entreprises de moins de 8 ans, ayant 10 équivalents temps plein en 2015 et un taux de croissance annuel moyen de leur chiffre d'affaires strictement supérieur à 20 % entre 2015 et 2018.
  • Les jeunes entreprises : 1,1 million d'entreprises de moins de 8 ans en 2018.
  • Les entreprises ayant levé des fonds : 5 800 entreprises de moins de 8 ans en 2018 dont le capital social est inférieur à 100 K€ en 2015 et supérieur à 200 K€ en 2018.
  • Les entreprises innovantes : 13 000 entreprises de moins de 8 ans en 2018 ayant reçu une aide à l'innovation ou à la R & D au moins une fois depuis leur création.​

Emploi : la start-up en quête de perles rares

Les start-up créent plus d'emplois que les autres entreprises. Pourtant elles connaissent davantage de difficultés à l'embauche. Une tension liée notamment au caractère très spécifique des profils qu'elles recherchent et à la vitesse à laquelle elles recrutent.

Les start-up : un fort potentiel de création d'emploi

Les start-up représentent 114 000 emplois directs en France en 2018. Leur effectif salarié a progressé de 9 % de 2018 à 2019 soit 3 points de plus que l'ensemble des jeunes entreprises.

Le profil type d'un employé de start-up : un homme, très qualifié, souvent ingénieur

  • 49 % des salariés en start-up sont cadres parmi lesquels 2/3 d'ingénieurs.
  • 65 % sont des hommes.
  • 5 K€ c'est la rémunération brute annuelle que perçoivent en moins les ingénieurs et cadres dans les start-up.

Des embauches sous tension sur les métiers techniques

  • 64 % des start-up anticipent des difficultés sur les embauches de 2019, soit 11 points de plus que les entreprises traditionnelles;
  • 44 % des start-up identifient des difficultés d'embauche d'emplois techniques, contre seulement 1 % pour les entreprises traditionnelles.

Réaliser le plein emploi

Le REC a mené une enquête en ligne auprès de 180 start-up, des auditions et des entretiens. Il en ressort que les start-up connaissent le même type de difficultés que les TPE-PME, mais fortement accentuées par les particularités de leur modèle économique.

L'absence de candidat ou l'inadéquation des profils sont les principales sources de difficultés avancées pour près de 50 % des start-up enquêtées.

  • L'instabilité économique de la start-up et la méconnaissance des opportunités découragent les candidats.
  • La start-up recrute sur des marchés en tension très concurrentiels.
  • Les pratiques RH en start-up sont souvent informelles du fait de l'absence de DRH, ou de l'inexpérience du dirigeant en matière de RH lorsqu'il assume la fonction.
  • Les start-up ont peu de liens avec les acteurs de l'emploi et de la formation et recourent peu aux dispositifs de droits commun en matière d'embauche.

Plusieurs leviers peuvent être mobilisés pour « libérer »​ le moteur de création d'emploi des start-up :

  • Améliorer les pratiques de recrutement en diversifiant notamment les canaux de sourcing et les profils des candidats.
  • Mieux identifier les besoins de compétences et « aller à la rencontre » des candidats potentiels (dans les universités, écoles, …).
  • Renforcer la fonction RH et la marque employeur via un accompagnement personnalisé si besoin.
  • Mieux définir l’objet « start-up » afin d’améliorer la collecte des données pour élaborer, piloter et évaluer les politiques publiques en direction des start-up.
  • Faciliter l’accès des start-up aux dispositifs existants d’accompagnement à l’embauche et à la formation et les adapter quand c’est nécessaire aux spécificités des start-up.

Conclusion

Soutenues financièrement dans leur phase de création, les start-up  butent ensuite sur des difficultés de recrutement qui obèrent leur perspective de croissance. Reconnecter « l’écosystème start-up » à celui de l’emploi et de la formation constitue la clé pour libérer le potentiel de création d’emplois des start-up.

Téléchargement

L'emploi dans les start-up françaises

Citer ou exporter

Citer cette publication

Autres options d'export

Pour aller plus loin

Suivez-nous sur les réseaux sociaux et Abonnez-vous à notre lettre d’information