Si le phénomène est bien connu de manière globale, il manquait à ce jour un diagnostic précis par métier [1]. L’ampleur de ces sorties précoces de l’emploi apparaît de fait très hétérogène : elles représentent plus de quatre départs en fin de carrière sur dix dans certains métiers, contre un sur dix à l’autre bout du spectre. Les métiers les plus concernés se trouvent dans l’hébergement-restauration (employés polyvalents, cuisiniers), le bâtiment (second œuvre et gros œuvre), les services aux particuliers et aux collectivités (services à la personne, agents d’entretien) et la manutention. Le motif premier de ces départs varie : c’est la santé pour 30 % des caissiers et employés de libre service, l’inactivité pour un ouvrier qualifié de la manutention sur cinq. Parmi les quinze métiers aux taux de départs précoces les plus élevés, dix figurent aussi parmi ceux dont les travailleurs déclarent le plus souvent « ne pas se sentir capables de faire le même travail jusqu’à la retraite ».
S’agissant du chômage et de l’inactivité, les sorties précoces apparaissent modérément liées à la catégorie socioprofessionnelle. Les employés et ouvriers peu qualifiés sont en revanche surreprésentés dans les sorties précoces pour raisons de santé. Les conditions de travail contraignantes jouent ici un rôle, mais la corrélation reste modérée (0,6) : la part de ces départs est de 8 % chez les ouvriers qualifiés de la mécanique, contre 31 % chez les ouvriers peu qualifiés de la manutention, deux métiers aux conditions de travail contraignantes. Améliorer les conditions de travail reste un des leviers pour accroître le taux d’emploi et réduire les difficultés de recrutement dans les métiers combinant départs précoces pour raisons de santé et conditions de travail contraignantes.
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[1] Cette note a été préparée dans le cadre des travaux du Conseil d’orientation pour l’emploi (COE) : voir le site de France Stratégie.