Note d’analyse Dynamique de l’emploi dans les métropoles et les territoires avoisinants La surperformance des métropoles en termes de création d’emplois se vérifie-t-elle systématiquement ? Surtout, les territoires avoisinants en bénéficient-ils par effet d’entraînement ? Douze métropoles de province au banc d’essai. Publié le : 30/11/2017 Temps de lecture 12 minutes Signé le 6 juillet 2017 le Pacte État-métropoles marque un tournant dans la réforme territoriale. Engagée par la loi de Modernisation de l’action publique territoriale et d’affirmation des métropoles (dite loi MAPTAM) de 2014, puis par la loi portant sur la Nouvelle organisation territoriale de la République (dite loi NOTRe) de 2015, cette réforme a notamment confié des compétences accrues aux métropoles pour qu’elles aient les moyens de soutenir leur propre croissance. Le Pacte État-métropoles fait un pas de plus, en reconnaissant aux métropoles un rôle de moteurs de croissance qui engage leur responsabilité vis-à-vis des territoires avoisinants, et en affirmant la volonté de l’État de favoriser les coopérations entre les territoires dans une « logique d’alliance » et de renforcement mutuel. Un objectif qui, pour Cécile Altaber et Boris Le Hir, « pose la double question de la capacité des métropoles à se développer et à faire rayonner leur dynamisme sur les territoires voisins ». La dynamique métropolitaine Pour y répondre, les auteurs de cette note d’analyse se sont appuyés sur une étude du laboratoire EconomiX* et ont réalisé une série de calculs statistiques centrés sur douze métropoles économiques : Aix-Marseille, Bordeaux, Grenoble, Lille, Lyon, Montpellier, Nantes, Nice, Rennes, Rouen, Strasbourg et Toulouse. Profil commun : elles représentent les douze plus grandes aires urbaines de province et avaient acquis le statut institutionnel de métropole au 1er janvier 2016. Pour valider l’existence d’une dynamique propre aux métropoles et d’éventuels effets d’entraînement sur les territoires voisins, Cécile Altaber et Boris Le Hir se sont également intéressés de près aux différents périmètres économiques des métropoles : du pôle urbain à la couronne périurbaine, et aux zones d’emploi voisines. Bilan ? « La dynamique métropolitaine est évidente », confirment les auteurs qui en veulent pour preuve la croissance de l’emploi observée dans les zones d’emploi englobant les douze métropoles étudiées : 1,4 % par an en moyenne, contre 0,8 % sur l’ensemble du territoire, sur la période 1999- 2014. Attention pour autant à ne pas généraliser. « Ces grandes villes connaissent chacune des fortunes diverses », soulignent Cécile Altaber et Boris Le Hir. Si les zones d’emploi de Bordeaux, Montpellier ou Nantes ont vu leur poids dans l’emploi national augmenter sur la période étudiée, celles de Nice ou Rouen par exemple ont enregistré une croissance de l’emploi inférieure à la moyenne nationale. L’analyse confirme également que la périphérie est plus dynamique que le centre : le taux de croissance de l’emploi est systématiquement plus élevé dans les couronnes périurbaines que dans les pôles sur la période étudiée. Elle identifie par ailleurs des « responsables » de la surperformance des métropoles : les secteurs de l’industrie manufacturière, des services aux entreprises, du commerce de gros et du transport de marchandises. Ces secteurs dits « de base compétitive » expliquent plus de la moitié de l’écart de croissance de l’emploi salarié total entre les métropoles et l’ensemble du territoire sur la période 2004-2010, alors qu’ils ne représentent qu’un peu plus du tiers de l’emploi. Un effet d’entraînement qui reste à démontrer Si la dynamique propre aux métropoles n’est donc plus à démontrer, qu’en est-il de leur capacité à entraîner dans leur sillage les régions et territoires avoisinants ? Largement théorisé, cet effet d’entraînement n’a pu être mis en évidence pour la France qu’avec une nuance : il est peu sensible et se serait atténué dans les années 2000, quand la croissance de l’emploi dans les zones périphériques a décroché par rapport à celle des aires urbaines métropolitaines. L’analyse de Cécile Altaber et Boris Le Hir confirme la nuance : « globalement les effets d’entraînement sont peu visibles ». Entre 2009 et 2014, l’emploi salarié dans les zones d’emploi des douze métropoles étudiées a augmenté de 0,65 % par an. Au niveau national, ce taux était de 0,13 %. Dans les zones d’emploi entourant les métropoles et dans celles de la région, ce taux est quasi nul, voire négatif ! On serait tenté de penser, à ce stade, que la sous-performance des zones voisines des métropoles ne révèle pas l’absence d’effet d’entraînement mais une spécialisation économique défavorable sur des secteurs accusant des pertes d’emploi (là où les métropoles concentreraient à l’inverse les activités en forte croissance). C’est ce qu’on appelle « l’effet structurel ». Mais non ! « La surperformance métropolitaine est largement due à un fort effet local », analysent les auteurs, pas ou peu à un effet structurel. Faut-il conclure pour autant à l’absence d’effet d’entraînement des métropoles sur les territoires voisins ? Rien n’est moins sûr, tant finalement leurs relations sont diverses. Certaines métropoles sont dans une dynamique partagée, typiquement Lyon, Nantes ou Aix-Marseille qui s’inscrivent dans une logique de co-développement avec leurs territoires proches. D’autres, à l’inverse, se développent en isolat : leur dynamisme propre n’est pas partagé avec les territoires qui les entourent. C’est le cas de Lille, Toulouse ou encore Montpellier. On observe aussi des métropoles à dynamique inversée, là où les territoires avoisinant la métropole enregistrent une croissance de l’emploi plus forte que celle de la métropole, à Grenoble par exemple. Et puis il y a les territoires en difficultés, quand l’emploi diminue simultanément dans la métropole et les territoires alentour. Quand les performances des métropoles sont partagées par leur voisinage, il est tentant de penser à un effet d’entraînement. Une tentation à laquelle cette analyse, par nature très factuelle, ne permet pas de céder. « Des études complémentaires devront être engagées pour mieux déterminer la capacité d’entraînement des métropoles », concluent Cécile Altaber et Boris Le Hir. * Cette note d’analyse s’appuie sur l’étude « Analyse du lien entre les métropoles et les territoires avoisinants » réalisée par Nadine Levratto, Marc Brunetto, Denis Carré et Luc Tessier du laboratoire EconomiX de l’université Paris X Nanterre. Lancée en 2015, cette étude a été financée par l’Institut CDC pour la recherche (Caisse des dépôts), le Commissariat général à l’égalité des territoires et France Stratégie. Transcription Fermer la transcription Pourquoi certains territoires réussissent mieux que d’autres ? boris lui dire bonjour bonjour vous êtes expert au département économie de francs stratégie vous venez nous parler d'une note que vous avez publié sur la dynamique de l'emploi des métropoles et des territoires avoisinants en effet des lois récentes ont structuré les métropoles françaises on pense notamment à la loi map tam excusez moi c'est une nécessité à un moment où le fait métropolitain se justifie de plus en plus alors vous voyez en tout cas on observe de plus en plus on constate notamment depuis les années 2000 une montée en puissance de l'emploi dans les grandes aires urbaines notamment les aires urbaines de plus de cinq cent mille habitants en grosso modo une aire urbaine ça englobe la ville et sa banlieue assez large qu'on appelle couronnes périurbaines et ce phénomène metropolitain caractérise à la fois par une croissance forte de l'emploi dans ces zones périurbaines ce qu'on appelle la croissance par les franges des métropoles et aussi par un dynamisme assez fort de certains secteurs mais y compris dans le coeur de ville alors ce phénomène métropolitain applique des effets d'entraînement pour les territoires avoisinants alors qu'elles sont ils ces effets d'entraînement alors quand on rentre dans le détail deux de ces métropoles on est face à des situations quand même très variés varié à la fois sur la performance propre de la zone métropolitaine et sur le dynamisme des territoires qui entoure ces zones métropolitaines c'est ce qu'on montre dans cette note qui est basé sur une étude réalisée par l'équipe de recherche de nadine levratto vous avez à peu près tous les cas de figure possibles c'est-à-dire des territoires dans lesquels la zone d'emploi de la métropole affiche un fort dynamisme d'emploi et ce dynamisme est partagée avec ces territoires qui l'entourent c'est le cas notamment à lyon marseille ou nantes vous avez des territoires pour lesquels en métropole la zone métropolitaine ne partage pas ce dynamisme avec les territoires alentours notamment à lille toulouse ou montpellier vous avez aussi des territoires ddt pour laquelle la dynamique est inversée c'est à dire que les territoires avoisinants se trouve plus dynamique que la zone métropolitaine elle même comme à strasbourg ou à grenoble et enfin le cas le plus défavorable c'est des situations où ni la zone métropolitaine ni les territoires avoisinants n'affiche croissance d'emploi forte comme notamment à nice ou alors pourquoi il ya des divergences pourquoi les territoires qui réussissent mieux que d'autres c'est assez compliqué de préciser exactement sur quoi repose la performance de tel ou tel territoire par rapport à d'autres on a investi des pistes comme notamment la spécialisation sectorielle puisqu'on observe qu'en moyenne les métropoles sont positionnés sur des secteur e dont la croissance en emplois et plus fort typiquement les métiers liés à l'informatique où l'information et la communication à la recherche et développement sont plus représentés dans les métropoles que sur le reste du territoire et inversement les métiers qui pertes d emplois types de métiers agricoles ou d'ouvriers non qualifiés sont moins représentées dans les zones métropolitaines qu'ailleurs il y a aussi des villes qui ont des axes forts de spécialisation comme toulouse dont l'emploi est fortement tirée par l'activité aéronautique dans la note on montrent que l'effet de structure joue favorablement notamment dans la ville de lille et peut jouer aussi défavorablement dans certaines métropoles comme à rouen dont l'emploi semble être positionné sur des secteurs qui perdent des emplois ce cet effet de structure sectorielle est loin de pouvoir expliquer à la fois la performance de métropole en général et la différence de performance entre ces métropoles pour les métropoles en général il ya des effets ce qu'on appelle des gains l'agglomération s'il y a un intérêt de certains secteurs à se trouver dans des situations dans des zones denses et pour justifier la différence plutôt la différence de performance entre les villes on peut aussi certainement pensé déterminant qui géographique le fait qu'une ville puisse avoir un environnement agréable favorise l'attrait des travailleurs la capacité des acteurs locaux aussi à se considérer à se fédérer et souvent avancé comme un facteur de dynamisme local à la fois entre acteurs privés et acteurs publics mais aussi entre acteurs de différents échelons territoriaux et enfin et surtout aussi important de noter le poids de l'histoire de ces territoires sur leur situation actuelle puisque par exemple si on prend le cas du territoire lyonnais le poids de l'industrie chimique aujourd'hui est fortement liée à son passé dans l'industrie de la soie qui a généré des débouchés par la peinture etc on peut imaginer sur cette base que le le rôle assez important que peut avoir la capacité des acteurs territoriaux à s'appuyer sur les acquis et anticiper les évolutions économiques pour faire des bonnes transitions et développer le dynamisme local en ce sens eh bien merci beaucoup pour y subir pour cet éclairage et pour celles et ceux qui veulent aller plus loin je rends fois à la publication de votre note sur le site de francs stratégie merci à vous Téléchargement Dynamique de l’emploi dans les métropoles et les territoires avoisinants Télécharger la note d'analyse 64 PDF - 5 117.2 Ko Télécharger les données graphiques de la note XLSX - 90.7 Ko Télécharger le rapport de recherche – Analyse du lien entre les métropoles et les territoires avoisinants PDF - 5 094.9 Ko Thèmes Compétitivité Emploi/chômage Territoires Publié par France Stratégie Auteurs Boris Le Hir Cécile Altaber Citer ou exporter Citer cette publication Fermer Citer cette publication Autres options d'export Pour aller plus loin Quel rebond local après des pertes d'emplois massives ? 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