Au cours des cinq dernières décennies, la croissance démographique des aires d’attraction a essentiellement été tirée par celle de l’espace péri-urbain. Mais ce nouvel espace attire avec plus ou moins de force les ménages en fonction de leurs caractéristiques. Si les professions intermédiaires et les cadres investissent la périphérie, c’est en partant d’une situation où leur présence y était faible : la tendance est donc à une homogénéisation de leur répartition entre les trois espaces. À l’inverse, la répartition des ouvriers et employés, homogène à la fin des années 1960, l’est moins aujourd’hui : leur poids démographique a globalement diminué dans les communes-centres et augmenté en couronne par rapport à leur poids moyen dans les aires d’attraction.
Au sein de ces classes populaires, on observe une surreprésentation croissante des personnes non immigrées dans les couronnes péri-urbaines, toujours par rapport à leur poids dans l’ensemble de l’aire. Dans les aires de province, leurs homologues immigrées ont vu leur part dans les pôles (commune-centre et banlieue) augmenter plus vite que leur part dans l’ensemble de l’aire, ce qui vaut aussi pour les personnes immigrées de catégorie sociale plus favorisée. L’aire de Paris, exceptionnelle par sa taille, se distingue par des évolutions particulièrement marquées qui aboutissent aujourd’hui à une forte sous-représentation dans la commune-centre des catégories populaires, y compris immigrées.
Ainsi, la stabilité, voire la légère baisse de la ségrégation résidentielle que nous avions observée à une maille fine, entre quartiers des communes, peut masquer une relative spécialisation sociologique des espaces résidentiels, selon que ces derniers se situent au centre ou à la périphérie proche ou lointaine des agglomérations/