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Note d'analyse
Publié le
Lundi 22 Juillet 2024
Dans quelle mesure grandir dans une situation de précarité à l’adolescence affecte les parcours de vie ? D’après un indicateur original de précarité construit à partir de l’enquête Statistiques sur les ressources et conditions de vie (SRCV), qui évalue à la fois les conditions de vie de l’individu et la situation financière de son foyer durant son adolescence, nous examinons le poids de la transmission de la pauvreté en France. 13 % des personnes déclarent avoir connu une situation de précarité à l’adolescence.
NA 142 couverture

Téléchargez la note d'analyse 142 - La vie devant soi : adolescence précaire, avenir incertain ?

Une fois adultes (que nous restreignons dans l’étude à la tranche de 30 à 54 ans), elles présentent des caractéristiques en moyenne bien moins favorables que celles qui n’ont pas connu cette situation. Ce désavantage se retrouve en termes de niveau de vie, bien qu’il existe une certaine hétérogénéité dans les trajectoires : si près d’un ancien adolescent précaire sur trois a un niveau de vie parmi les 20 % les plus faibles à l’âge adulte, 30 % se situent parmi les 40 % les plus aisés.

En 2019, parmi les anciens adolescents précaires devenus adultes, presque un sur quatre est pauvre « en conditions de vie », contre environ un sur dix chez les anciens adolescents non précaires, soit un risque de pauvreté 2,25 fois plus élevé. À environnement familial comparable à l’adolescence (niveau de diplôme des parents, origine migratoire, type de ménage, etc.), le risque de pauvreté reste toujours 1,6 fois plus élevé. La pénalité liée au fait d’avoir connu la « précarité adolescente » est de même ampleur en termes de pauvreté chronique, mesurée par le fait de rester pauvre en conditions de vie trois années d’affilée. La reproduction de la pauvreté est plus marquée pour les femmes : une femme ayant connu la précarité à l’adolescence a ainsi 1,9 fois plus de risque d’être pauvre en conditions de vie à l’âge adulte qu’une femme n’ayant pas connu cette situation.

Une partie de ces écarts s’explique par les différences de parcours éducatifs entre anciens adolescents pauvres et non pauvres. Les sorties sans diplôme sont, à environnement familial durant l’adolescence comparable, un peu plus de 1,5 fois plus fréquente pour les anciens adolescents précaires. Chez les femmes, la reproduction de la pauvreté s’explique aussi par des di­fférences de configurations familiales à l’âge adulte. Les anciennes adolescentes précaires ont ainsi, à environnement familial à l’adolescence comparable, 1,4 fois plus de risque de vivre à l’âge adulte dans un ménage monoparental.

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capture.png, par Nicolas Moreau

Les opinions exprimées dans ce document engagent leurs auteurs
et n'ont pas vocation à refléter la position du gouvernement.

Auteurs

Clément Peruyero, Département Société et politiques sociales
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