Beaucoup de territoires se trouvent aujourd’hui dans une situation alarmante, avec des personnes malades et âgées qui ne trouvent pas de médecins pour les soigner et des professionnels débordés. Pour résoudre cette crise, le Haut conseil propose une nouvelle alliance entre population, offreurs de soins et régulateur, selon les principes de responsabilité populationnelle d’une part, et de subsidiarité visant à soutenir en priorité les solutions mises en place par les professionnels d’autre part. Dans ce cadre, l’activité des offreurs de soins s’inscrit dans une mission de service public, qui n’est plus portée exclusivement par l’hôpital. Des soins ambulatoires (à la fois soins primaires et soins spécialisés de proximité) renforcés et structurés doivent en effet permettre d’éviter les recours inappropriés à l’hôpital et d’améliorer la coordination entre soins de ville et établissements sanitaires et médico-sociaux, éléments indispensables pour remédier aux difficultés de ces établissements. Pour accomplir cette mission, les professionnels de santé bénéficient de l’accompagnement des caisses, services de l’Etat et collectivités territoriales.
À court terme il faut optimiser le temps médical et tirer le meilleur parti des compétences de chaque professionnel en améliorant l’organisation du travail. L’essor des nouvelles formes d’exercice et du numérique permet de nouvelles modalités de réponse à la demande de soins, qui ne devraient plus être systématiquement synonymes de consultation d’un médecin. En particulier, il faut diffuser plus largement un premier niveau d’équipe, composée de médecins traitants, infirmiers et assistants collaborant étroitement au quotidien au service d’une patientèle commune, pour améliorer la qualité des soins et fournir avec un nombre moindre de médecins les services nécessaires.
S’il faut soutenir en priorité les professionnels dans leur recherche de solutions, en cas de constat de carence sur un territoire on ne peut pas laisser les populations sans solution ou laisser les services d’accueil d’urgence des établissements de santé garantir à eux seuls l’égal accès aux soins pour tous. Dans ce cas des opérateurs structurés seront chargés d’organiser les soins pour répondre au besoin.
Les solutions immédiates à la crise sont cruciales mais elles ne peuvent pas tenir lieu de stratégie pour construire l’organisation des soins de proximité de demain. Les équipes de soins primaires intégrées qui existent aujourd’hui, maisons de santé et centres de santé pluriprofessionnels, ont démontré leur pouvoir de transformation du système : elles permettent de suivre plus de patients, d’améliorer la qualité des soins, d’enrichir l’éventail des services proposés à la population. Qu’elle qu’en soit la forme, le travail en équipe structurée, au sein de laquelle les professionnels se connaissent, travaillent quotidiennement ensemble, partagent un projet de santé et les données utiles à leur activité, doit devenir d’ici dix ans le mode d’exercice majoritaire. Une collaboration des offreurs de soins à un niveau plus large que celui des équipes de soins est également nécessaire. C’est l’objectif des Communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS), dont le développement doit se poursuivre pour qu’elles maillent l’ensemble du territoire et matérialisent réellement l’engagement de tous les professionnels de proximité dans cette mission.