Télécharger le document de travail – Le système électrique européen confronté à l’accord de Paris
Un système électrique historiquement centralisé
Depuis l’origine, les réseaux de distribution sont la propriété des communes. Leur gestion est confiée à un opérateur dans le cadre d’une délégation de service public. La loi de nationalisation de 1946 ajoute à ce fonctionnement, au niveau territorial, une organisation nationale autour d’EDF.
RTE - Résau de transport à très haute tension
ENEDIS - Réseau de distribution de moyenne et de basse tension
Cette organisation de la distribution autour d’un opérateur national a permis à la France de :
- mettre en place une solidarité entre les territoires ;
- investir dans les nouvelles technologies en faisant de son réseau l’un des plus automatisés d’Europe ;
- offrir aux consommateurs un tarif compétitif comparé aux autres pays européens.
Un système électrique sous tension
À ces objectifs de sécurité d’approvisionnement et de prix s’ajoute l’impératif de réduction des émissions de CO2. Pour y répondre, une adaptation des réseaux est nécessaire.
Un défi pour le réseau : intégrer les énergies renouvelables
Les énergies renouvelables représentent 15 % de la puissance totale électrique du parc français et sont raccordées dans 95 % des cas au réseau de distribution.
Or, le réseau avait jusqu’ici un rôle « plutôt passif », consistant à acheminer des flux de courant descendants vers le consommateur. Parce qu’elle est intermittente, la production décentralisée d’énergies renouvelables change la donne. Désormais les flux sont bidirectionnels. Le réseau doit prendre le relais en cas d’absence de vent ou de soleil, par exemple. À l’inverse, il doit aussi « faire remonter » l’énergie non consommée vers le réseau à très haute tension.
Écoquartiers, communautés énergétiques locales, bâtiments à énergie positive… le nombre d’installations en autoconsommation pourrait atteindre 4 millions en 2030, selon RTE.
Électrification des usages et réseaux intelligents
Véhicules électriques, pompes à chaleur, domotique… la transition vers une économie bas carbone passe par une électrification des usages.
Par exemple, l’arrivée à moyen terme de millions de véhicules électriques et de points de charge « mobiles » à raccorder au réseau pose la question des infrastructures de recharge, et celle de la gestion des pics de puissance si tous les véhicules venaient à se recharger au même moment.
Les réseaux intelligents peuvent permettre de répondre à ce besoin de flexibilité accru grâce à un pilotage plus efficace de l’équilibre entre l’offre et la demande d’électricité. Mais ils impliquent également que le réseau collecte des quantités importantes de données, les protège contre la cybercriminalité et les fournisse aux utilisateurs.
Conclusion
Le réseau de distribution est donc appelé à évoluer, tout en continuant de garantir la solidarité entre territoires. Parce que l’électricité est « une industrie du temps long », c’est dès maintenant qu’il faut penser cette transformation pour prévenir le risque, souvent sous-estimé, d’une déstabilisation du système tout entier.