Télécharger la note d'analyse Écoles primaires : mieux adapter les moyens aux territoires
L’éducation prioritaire cible-t-elle vraiment les territoires les plus défavorisés ?
Le label « éducation prioritaire » – qui concerne aujourd'hui 6 000 écoles primaires et 1 000 collèges – est censé fournir plus de moyens et réduire le nombre d’élèves par classe. Mais comment l’obtient-on et cible-t-il vraiment les écoles qui en ont le plus besoin ?
Comment obtient-on la labellisation "Éducation priortiaire " ?
Les collèges sont classés en REP ou REP+ selon un « indice social » qui tient compte notamment de l’origine sociale des élèves, information obtenue par voie de questionnaire.
Faute de disposer du même type d’information, les écoles sont labellisées en fonction du classement de leur collège de secteur.
Quand l'éducation prioritaire laisse certaines écoles "orphelines"
Certaines écoles situées dans des quartiers défavorisés se trouvent ainsi « orphelines » car rattachées à un collège sans label, tandis que d’autres sont « embarquées » dans un réseau d’éducation prioritaire alors que le niveau de vie de leur quartier est proche de la moyenne nationale.
Parmi les 20 % des élèves vivant dans les quartiers les plus défavorisés, 1 sur 3 n’est pas scolarisé en éducation prioritaire.
1 écolier sur 7 est scolarisé dans une école dont le label ne correspond pas au niveau de vie du territoire.
Modulation des moyens en enseignants : est-ce que ça marche ?
Au-delà de la labellisation en éducation prioritaire, les académies peuvent moduler le nombre d’enseignants selon « les caractéristiques sociales » des communes. Avec quel bilan, avant la mise en place du dédoublement des CP/CE1 ?
Une compensation pour les écoles orphelines
La modulation des moyens entre écoles, de plus en plus utilisée, permet de pallier en partie les défauts de la labellisation. Avec la modulation, une école en éducation prioritaire gagne 1 enseignant supplémentaire / 100 élèves et une école orpheline 0,5 enseignant supplémentaire / 100 élèves.
Une modulation limitée face à la diversité des territoires
La modulation des moyens fonctionne surtout hors éducation prioritaire, moins bien en éducation prioritaire, ce qui laisse entier le problème des écoles embarquées.
Globalement, il y a une telle hétérogénéité entre écoles que le fait d’être situé dans un quartier défavorisé ou labellisé en éducation prioritaire ne garantit pas à une école d’avoir plus d’enseignants.
25 % des écoles hors éducation prioritaire dans les quartiers les plus favorisés bénéficient de plus de 5,3 enseignants / 100 élèves quand 25 % des écoles en REP bénéficient de moins de 5,3 enseignants / 100 élèves.
4 pistes pour améliorer la labellisation et la dotation des écoles
1. Constituer une base de données sur l'origine sociale des élèves, école par école, pour la fin de l'année 2019.
2. Affiner "le ciblage" de l'éducation prioritaire
- soit en labellisant directement les écoles ;
- soit en modulant davantage les moyens en fonction des besoins.
3. Rendre plus transparentes les données sur l'allocation des moyens des écoles pour informer les élus et les parents et corriger les situations de sur- ou sous-dotations injustifiées.
4. Élargir la logique du dédoublement des CP/CE1, en fixant des "cibles indicatives de moyens par élève" calculées selon le degré de difficulté sociale des territoires, pour toutes les écoles publiques et tous les niveaux, à l'horizon 2025.
Conclusion
La réforme de l’éducation prioritaire doit repenser l’allocation des moyens entre écoles en fonction de la réalité sociale des communes et des quartiers. L’enjeu est d’autant plus important que le dédoublement des classes de CP/CE1 ne concerne que les écoles labellisées « éducation prioritaire ». Faute de mesure spécifique, cette réforme risque d’amplifier le problème de la sous-dotation des écoles orphelines et de la sur-dotation des écoles embarquées.