Vidéo

FTHD | Combien cela coûte-t-il ? Comment évaluer les coûts du FttH

Le Plan France Très Haut Débit a été lancé en 2013. En 2019, la Commission européenne et le gouvernement français ont chargé France Stratégie de l'évaluation de cette politique visant à couvrir l'ensemble du territoire avec le très haut débit d'ici 2022 grâce à des subventions.

Publié le : 28/09/2020

Mis à jour le : 24/01/2025

Cette 3ème session est consacrée à la question des coûts de déploiements du très haut débit. Comme le rappelle Fatima Barros, depuis 2016 l’accès à Internet est un droit universel reconnu par les Nations Unis, et si l’Europe a fait d’importants progrès, la crise COViD a souligné les importantes inégalités en Europe en matière d’accès à Internet en particulier dans les zones rurales. C’est 40 Md€ d’investissements annuels qui seront nécessaires en Europe pour atteindre les objectifs de la Gigabit Society et la couverture de toute la population européenne par du Très haut débit. La régulation des coûts d’accès aux infrastructures de génie civil existante et un environnement concurrentiel compétitif devraient permettre d’accélérer les investissements et les déploiements. De ce point de vue, le Portugal est un bon exemple d’une combinaison optimale entre ces deux leviers. Toutefois, réunir les meilleures conditions ne suffit pas à garantir la couverture des zones rurales. Quel que soit le contexte, les coûts de déploiement dans ces zones sont plus élevés. C’est pourquoi la maîtrise de ces coûts est essentielle pour maintenir un niveau d’investissement privé suffisant mais aussi pour maximiser les bénéfices socio-économiques des investisseurs publics. Une large partie des débats sera consacrée au rôle déterminant que peuvent avoir les co-investissements dans le déploiement des réseaux FttH.

Après un rappel des impacts positifs des technologies de l’information et de la communication, sur la croissance, le niveau de l’emploi, la productivité, J. Hatönen présente les résultats de son travail sur l’évaluation des coûts de déploiement de réseaux de très haut débit : il s’agissait  d’observer si les gains socio-économiques augmentent proportionnellement aux coûts d’investissements que nécessitent leur déploiement ? Dans son article, J. Hätönen montre que les coûts de déploiement pour atteindre les objectifs du Digital Eeuropean Agenda (DEA) sont d’environ 200 Mds€ et que les économies permises par un meilleur débit des réseaux pourraient aller jusqu’à 0,5 à 1,5% par an sur le budget européen. Ces gains seraient donc supérieurs aux coûts engagés. Certes, ces estimations restent globales, mais elles justifient à elles seules l’investissement public consenti dans les réseaux THD en Europe, y compris l’investissement public dans les zones rurales. La crise COVID l’a montré, les réseaux ne sont plus un luxe mais une nécessité.

Au regard de l’expérience de Vodafone implanté dans de nombreux pays européens, Stephen Pentland considère que l’accélération des déploiements de la fibre nécessite une forte intensité concurrentielle des marchés. Or en Europe, le cadre de régulation pour le déploiement des marchés fixes peut varier fortement selon les Etats-membres : il est donc intéressant d’observer quelle est la configuration la plus favorable pour l’arrivée de la fibre. La réduction des coûts est partout un critère important pour les investisseurs privés. Au-delà, Vodafone a aussi cherché à comparer plus attentivement les différents cadres réglementaires en Europe. Il a ainsi publié en 2019 un Digital Deployment Index qui compare plus de 120 dispositif de régulation. Au-delà des bonnes pratiques qui ont été identifiées, il en ressort que le co-investissement en opérateurs, doit être encouragé et favorisé, comme cela a été fait par exemple en Espagne, au Portugal et maintenant en Irlande. Et si l’intervention publique s’avère nécessaire, notamment dans les zones où l’on constate une défaillance du marché, il est néanmoins nécessaire que la transparence et la concurrence soit garantie par le régulateur. Si les mécanismes du marché ont bien fonctionné en Espagne et au Portugal, le modèle qui est en train d’émerger en Italie présente des risques importants : en limitant la concurrence entre opérateurs, il risque en effet de ralentir le rythme des investissements et, par voie de conséquence, des déploiements eux-mêmes.

Annegret Groebel  rappelle que l’Allemagne, est moins avancée que l’Espagne, le Portugal ou la France en matière de déploiement de la fibre. Les coûts de déploiement du FttH sur l’ensemble du territoire allemand ont été estimés par le cabinet spécialisé WIK (Wissenchaftliches Institut für Infrastrukturune Kommunikationsdienste) à 65 Mds€. Cette première estimation du coût global du déploiement a ensuite été ajustée à 61 Mds€ en 2020, pour tenir compte des effets d’apprentissage et de réduction des coûts. Pour le WIK et le régulateur allemand, les principaux critères de coûts sont la densité et la distribution de la population sur le territoire, puis en second lieu les coûts d’accès aux infrastructures de l’opérateur historique, et enfin les coûts de génie civil. Mais pour Annegret Groebel, les freins importants à l’arrivée de la fibre en Allemagne tient d’une part au trop faible niveau de demande des consommateurs pour la fibre qui résulte de la présence de réseaux câblés et du vectoring qui offrent, pour l’instant, un niveau de service suffisant. A cela s’ajoutent d’autre part des coûts de déploiement relativement élevés pour les opérateurs. Dans ce contexte peu favorable, les prochaines décisions du régulateur allemand sont très attendues.

Pour Alejandra de Iturriaga Gandini, le déploiement de la fibre en Espagne est maintenant largement réalisé (90% du territoire couvert). A partir de 2009 le cadre de régulation a permis d’accélérer le déploiement du Haut débit et d’intensifier la concurrence entre plusieurs opérateurs. Mais c’est à partir de 2016 que le régulateur espagnol a modifié le cadre de régulation de façon décisive en distinguant plusieurs zones. Dans les zones concurrentielles (représentant 66% de la population espagnole et 66 communes), il n’existe pas de contraintes en matière de choix technologique. Le reste de l’Espagne est considéré par contre comme une zone non concurrentielle, où l’opérateur historique doit ouvrir son réseau fibre aux opérateurs commerciaux tiers. De manière plus générale, il faut aussi relever l’importance des accords de co-investissement entre Téléfonica et Orange ou Vodafone : ils ont permis que l’Espagne dispose aujourd’hui du plus important réseau FttH d’Europe (90% du territoire), pour le plus grand bénéfice des 10 millions d’abonnés à la fibre.

Pour aller plus loin

Suivez-nous sur les réseaux sociaux et Abonnez-vous à notre lettre d’information