Les gains de productivité sont le principal moteur de la croissance économique. Or, depuis le milieu des années 1990, la France, comme la plupart des économies européennes, a subi un ralentissement marqué de la croissance de sa productivité horaire du travail et un décrochage relativement aux États-Unis, le leader technologique mondial depuis 1950.
D’où vient de décrochage français ?
Premièrement, trop d’entreprises françaises ne sont pas pleinement entrées dans l’ère du numérique. Depuis les années 1990, la France présente en effet un retard important en matière de diffusion des TIC. Par exemple, en 2012, le stock de capital TIC français serait inférieur d’environ un quart au stock des États-Unis. Plus largement, les entreprises françaises n’ont pas encore effectué leur conversion au numérique : seules 63 % d’entre elles disposent d’un site web (contre 75 % dans la plupart des économies avancées) et seules 17 % utilisent les réseaux sociaux pour leurs relations clients (contre 25 % en moyenne dans l’OCDE).
Ensuite, l’étude de l’évolution de la productivité par grands secteurs de l’économie montre que le décrochage français à partir du milieu des années 1990 vient d’une moindre croissance de la productivité dans les secteurs utilisateurs de TIC : les services aux entreprises, la distribution et le commerce, les transports et certaines industries manufacturières. Au-delà du moindre investissement dans les TIC, les études empiriques ont mis en avant une plus faible intensité du processus de destruction créatrice en France. Aux États-Unis, c’est justement par le renouvellement du tissu productif (disparition des entreprises les moins productives et croissance des plus productives) qu’une partie importante des gains de productivité a été effectuée.
Des réserves potentielles de productivité encore inexploitées
Paradoxalement, le constat du décrochage français conduit à un message optimiste. La plus grande diffusion des technologies numériques et la recomposition d’une partie du tissu productif pourraient assurer un rebond non négligeable des gains de productivité horaire. Aux États-Unis, la vague de productivité de la décennie 1995-2004 a permis un surplus de productivité horaire d’environ 0,5 point par an par rapport à la décennie précédente.
Aussi, pour que les entreprises françaises investissent davantage dans le numérique et pour renforcer le dynamisme entrepreneurial du tissu productif français, trois domaines d’intervention publique apparaissent prioritaires :
- renforcer les compétences de la population active ;
- faciliter le développement des entreprises les plus productives et les plus innovantes ;
- développer la mobilité du travail.
Contacts
- Jean-Michel Roullé, Responsable du service Edition/communication
- Joris Aubrespin, Chargé des relations presse