L’agroécologie recouvre l’ensemble des pratiques reposant sur l’utilisation optimale des ressources apportées par la nature pour développer une agriculture recourant le moins possible aux intrants de synthèse, qu’il s’agisse d’engrais, de pesticides ou d’antibiotiques. L’agroécologie vise à augmenter l’autonomie des exploitations agricoles. Sur la base de cette définition, les auteurs ont identifié 23 cahiers des charges, publics ou privés, relevant de l’agroécologie ou s’en réclamant : agriculture biologique, mesures agroenvironnementales et climatiques systèmes de la politique agricole commune, l’agriculture à haute valeur environnementale (HVE) ou encore fermes DEPHY. Certains impliquent de repenser l’ensemble du système de production, d'autres nécessitent uniquement de faire évoluer certaines pratiques ; certains bénéficient d’aides publiques spécifiques, d’autres non. L’analyse des niveaux d’exigences de ces 23 cahiers des charges pour ce qui relève de la réduction des intrants et des bénéfices pour la biodiversité ou la qualité des eaux souligne que deux d’entre eux sortent du lot et présentent des exigences plus importantes : l’agriculture biologique et l’agriculture HVE option B.
Sur la base de résultats d’études concernant l’agriculture biologique, Alice Grémillet et Julien Fosse ont ensuite quantifié les coûts ou bénéfices de la transition vers le bio pour différents contextes, les aides de la PAC étant systématiquement exclues des calculs. Cette analyse montre que la transition vers le bio est rentable dans la majorité des cas étudiés. Ces chiffres ne peuvent pas être généralisés, car ils dépendent du contexte et de l’année d’étude, mais ils soulignent une tendance. Pour aller plus loin, les auteurs ont ensuite élaboré un modèle d’exploitation céréalière type. À partir d’une situation initiale « conventionnelle », ils ont simulé des changements de systèmes vers des états finaux correspondant à des référentiels agroécologiques. Hors aides de la PAC, la transition vers le bio permettrait en moyenne un gain de marge directe d’environ 25%. Les autres cahiers des charges étudiés conduisent à une marge non modifiée ou altérée.
Cette étude montre qu’à l’échelle des exploitations agricoles, la transition agroécologique est rentable à moyen terme pour certains des référentiels étudiés, malgré la diminution des rendements observés. Par ailleurs, ces coûts et bénéfices ne sont pas corrélés aux exigences environnementales. L’agriculture biologique apparaît clairement comme la plus performante d’un point de vue économique et en termes d'exigences environnementales. Enfin, l’analyse des subventions versées pour l’agriculture biologique et certaines mesures agroenvironnementales et climatiques systèmes montre que ces aides ne sont ni liées aux coûts ou bénéfices, ni aux exigences environnementales de ces référentiels. Tous ces éléments montrent que pour accélérer la transition agroécologique en France, il serait nécessaire d’ajuster les aides publiques de la PAC aux manques à gagner potentiels, ou alors de changer d’approche en rémunérant les externalités environnementales positives de l’agroécologie à l’aide de bonus-malus portant sur les principaux leviers de préservation de la biodiversité et du climat.
Alice Grémillet et Julien Fosse, auteurs de la note, ont exposé ces enjeux et ont détaillé, avec vous, leur traduction concrète.
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