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Débat - Innovation, inégalités de revenus et mobilité sociale

Les dernières décennies ont été caractérisées par une augmentation accélérée des inégalités des revenus dans la plupart des économies avancées, en particulier tout au sommet de l’échelle.

Publié le : 21/04/2016

Mis à jour le : 09/01/2025

Débat - Innovation, inégalités de revenus et mobilité sociale

 

Le patrimoine cumulé des 1 % les plus riches du monde dépasse désormais celui des 99 % restants. Cependant, le professeur Philippe Aghion a cherché à nuancer ce constat à travers une étude démontrant que cette richesse, si elle est investie dans l'innovation, peut avoir des effets positifs pour l'ensemble des classes sociales. À l'inverse, une mauvaise utilisation ne ferait qu'amplifier les inégalités.

Philippe Aghion distingue deux types d'inégalités : celles au sommet de la distribution des revenus et celles liées à la mobilité sociale. Il explique que l'innovation, en remplaçant des activités anciennes par de nouvelles, favorise la mobilité sociale en créant des opportunités pour de nouveaux talents.

Selon ses travaux, les inégalités actuelles pourraient n'être que temporaires. L'innovation aurait le potentiel de redistribuer les richesses de manière plus équitable, comme en témoigne l'exemple de la Suède. En introduisant des mesures favorisant le risque et l'innovation dans les années 1990, la Suède a réussi à concilier croissance économique et cohésion sociale. Les recettes fiscales générées ont permis de financer des services publics essentiels comme l'éducation et la santé, tout en maintenant une forte mobilité sociale.

Ce modèle prouve qu'il est possible d'encourager l'innovation tout en préservant un équilibre social. La Suède a multiplié par quatre sa croissance économique sans sacrifier son modèle social, un exemple inspirant pour des pays comme la France. Malgré tout, la France reste l'un des rares pays où les inégalités sociales ont peu progressé, témoignant de la résilience de son modèle.

 Dans un travail récent, Philippe Aghion et ses coauteurs montrent que l’augmentation de la part des revenus captés par les 1 % aux États-Unis serait en partie due à l’innovation. En contrepartie de cette augmentation des inégalités des plus hauts revenus, le processus de destruction-créatrice permis par l’innovation permettrait d’accroître la mobilité sociale. À l’inverse, les États américains où l’innovation est moins importante souffriraient d’une plus grande reproduction sociale.

Avec : 

  • Philippe AGHION, Professeur au Collège de France, titulaire de la Chaire « Économie des institutions, de l’innovation et de la croissance », professeur d’économie à l’université Harvard
  • Catherine L. MANN, Chef économiste et responsable du Département Économie
    de l’Organisation pour la coopération économique et le développement (OCDE)

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