L’augmentation du nombre de données numériques (90 % de l’ensemble des données aujourd’hui disponibles ont été créées ces deux dernières années) est le résultat de l’évolution des technologies et des infrastructures qui y sont liées. Aujourd’hui, près de 12 milliards d’objets sont connectés dans le monde. L’analyse des Big Data désigne les outils mis en place afin d’exploiter ces informations.
Quelles applications ?
Ces big data ont des applications multiples. Elles permettent par exemple de mieux écouter les clients ou les usagers. Avec l’éducation en ligne (MOOC), on peut par exemple étudier les comportements des élèves pour améliorer les modes d’enseignements. Dans le domaine des transports, les déplacements des populations sont modélisés afin d’adapter les infrastructures et les services (horaires des trains etc.). Suite au tremblement de terre ayant eu lieu à Haïti en 2010, les mouvements de foule ont été analysés à l’aide des données cellulaires pour faciliter la distribution de l’aide et endiguer l’épidémie de choléra.
A l’heure où la simplification des démarches est à l’honneur, ces analyses permettent d’envoyer à un usager des informations en temps quasi-réel sur l’évolution de sa situation, de détecter ses droits etc.
Ces analyses offrent encore la possibilité d’améliorer les performances gestionnaires. Une entreprise peut par exemple suivre ses ventes en temps réel pour mieux réapprovisionner ses stocks. De même, une administration peut suivre l’activité des agents, le versement de prestations, l’accroissement des demandes etc. En matière d’énergie et de développement durable, les systèmes de compteurs intelligents rationalisent la consommation énergétique.
Avec un certain degré de certitude, ces analyses permettent aussi d’anticiper des comportements ou des besoins. Dans le domaine de la santé, en analysant les requêtes sur Google, une équipe de chercheurs est parvenue à détecter plus rapidement l’arrivée des épidémies de grippe. Autre exemple, dans la ville de Memphis aux États-Unis, une équipe de chercheurs en lien avec la police a élaboré le programme Blue Crush permettant d’identifier les zones et les heures où des délits sont le plus à même d’avoir lieu afin d’optimiser l’affectation des services de police.
Quelles stratégies pour les pouvoirs publics ?
Les pouvoirs publics mettent en œuvre des stratégies pour développer ces analyses. En mars 2012, l’administration américaine a annoncé un investissement de 200 millions USD (154 millions d’euros) pour améliorer les technologies, accélérer la recherche en science et en ingénierie, renforcer la sécurité nationale, transformer l’enseignement et l’apprentissage, et développer une main d’œuvre qualifiée. L’Irlande aspire pour sa part à devenir le pays de référence en la matière, avec le développement d’une filière Big data allant de la formation de la main d’œuvre à la création ou l’installation d’entreprises.
En France, dans le cadre des investissements d’avenir, des projets traitant des Big data ont été sélectionnés pour recevoir 11,5 millions d’euros. Les projets financés rassemblent une grande diversité d’acteurs : concepteurs de systèmes informatiques, éditeurs de logiciels, intégrateurs de technologies, laboratoires de recherche et un nombre important de startups. La France investit également dans le développement d’outils spécifiques de stockage de données (voir supra) ou encore dans la création de moteurs de recherche nationaux comme Quaero.
En ce qui concerne le secteur public, l’Australie a créé un Centre d’excellence pour l’analyse et la gestion des Big data rattaché à l’ensemble du gouvernement. Autre exemple, le Royaume-Uni concentre plutôt ses efforts dans le secteur de la santé. Malheureusement, ce type d’usage dans le secteur public manque en France et des quantités énormes de données « publiques » ne sont pas valorisées. L’analyse des Big data nécessite d’instaurer une culture de la donnée qui fait encore défaut.
Il est certain que les risques associés à la mise en œuvre de ces technologies ne peuvent être passés sous silence. Le récent scandale « Prism » sur le partage de données d’utilisateurs d’internet à des fins de surveillance a d’ailleurs suscité le débat. Les réflexions sont en cours, notamment à la CNIL. Ces difficultés ne doivent toutefois pas faire oublier que, loin d’être un simple effet de mode, l’analyse des Big Data trouve des applications de premier ordre pour les entreprises et les citoyens. Le soutien public au secteur, tant en termes de ressources financières que de législations, est en ce sens essentiel et doit être rapidement développé.