Il a répondu à cette occasion aux questions du Monde.
Dans un monde où les mutations et les crises s'accélèrent, faire des projections à dix ans a-t-il encore un sens ?
Il ne s'agit pas de faire des projections, mais de choisir des priorités et d'engager des chantiers de transformation. Prendre un horizon de dix ans donne de la continuité au-delà d'une mandature politique, cela permet de constater des résultats tangibles. C'est ce qu'a fait Jean-Pierre Chevènement en fixant, en 1985, l'objectif d'amener 80 % d'une classe d'âge au niveau du bac.
Avec le léger retour de la croissance, va-t-on entendre les appels à la prudence qui, sous prétexte de ne pas casser celle-ci, voudront éviter les réformes jugées indispensables ?
On ne peut pas faire des réformes sans se soucier de leur impact conjoncturel. L'Europe et la France, comme l'Amérique latine des années 1980, auront bientôt perdu une décennie. Si on se remet à casser la croissance, qui investira ? Qui, dans notre société, soutiendra encore les réformes ? Ce n'est pas une question d'ambition, mais de séquençage. On peut faire beaucoup de réformes sans affaiblir la conjoncture : sur les retraites, la formation professionnelle, la concurrence dans les services, l'efficacité des services publics...