Le 15 juillet dernier, en annonçant un programme de 300 milliards d’euros d’investissements pour la période 2015-2017, Jean-Claude Juncker, le nouveau président-élu de la Commission européenne, confirmait l’importance politique du débat. Alors que la zone euro fait face à un déficit conjoncturel de demande agrégée et à d’importants défis structurels de compétitivité, la résorption d’un retard d’investissement pourrait permettre de répondre à ces enjeux.
La note d’analyse publiée par France Stratégie montre que, sur la période 2007-2013, après une première phase de relativement bonne résistance, l’investissement en zone euro accuse un retard important, qui tend à s’accroître en 2014, par rapport aux États-Unis. L’Espagne et l’Italie montrent un reflux très marqué de l’investissement dans toutes ses composantes. Le diagnostic concernant la France et l’Allemagne est plus difficile. L’Allemagne connaît un sous-investissement public chronique depuis de nombreuses années que la crise n’a pas remis en cause. A l’inverse, la France connaît plutôt un mal-investissement : insuffisance des investissements dans du capital de haute qualité (en particulier recherche et développement) au profit d’une diversion de ressources dans des domaines qui ne préparent pas l’avenir (immobilier notamment). Dans une moindre mesure, le même diagnostic peut être fait à propos de l’investissement public qui résiste bien en France mais qui délaisse la formation de capital humain au profit de l’équipement en infrastructures.
Cette situation va peser sur le potentiel de croissance à deux titres :
- à court terme, le mal-investissement au sein des firmes de la zone euro pourrait dégrader leur capacité de rebond immédiat et leur capacité à atteindre la frontière technologique
- à moyen terme, le sous-investissement public est néfaste à l’attractivité