Si la stratégie de moindre exploitation semble globalement préférable en matière de biodiversité, en matière d’atténuation, la comparaison dépend de l’horizon de temps. En effet, à horizon de 30 ans et à structure actuelle de demande de matériaux bois, cette stratégie est plus efficace mais, à plus long terme, les avantages d’un accroissement des prélèvements sont susceptibles de l’emporter, du fait du remplacement des peuplements dépérissants et du rajeunissement des arbres, qui contribuent à améliorer la séquestration carbone.
Par ailleurs, l’usage du bois prélevé en forêt constitue un paramètre clé des politiques d’atténuation. Le bois d’œuvre et l'usage en matériaux de ses coproduits permettent de stocker le carbone. Cet usage est préférable à l'usage en énergie, car la combustion du bois conduit à une augmentation immédiate du carbone atmosphérique. Celle-ci n’est ensuite compensée que progressivement lors de la nouvelle croissance forestière.
Ainsi, les politiques publiques en place, reposant sur le postulat de neutralité carbone du bois énergie et minorant le stockage du carbone dans les matériaux bois, ne donnent pas les bonnes incitations. Il serait souhaitable de réorienter les soutiens au bois énergie vers les filières de production de matériaux à durée de vie longue. Plus largement, la planification de la filière, de la gestion sylvicole à l’usage du bois, en passant par l’industrie de la transformation, devra prendre en compte non seulement les enjeux d’adaptation au changement climatique et d’atténuation, mais également les enjeux d’indépendance énergétique et de biodiversité.
Concilier ces différents enjeux se révèle ardu, et plus qu’une seule et unique planification, il conviendra de mettre en place des planifications adaptées aux caractéristiques de chaque peuplement, notamment à leur richesse biologique et à leur vulnérabilité au changement climatique.