La transition énergétique et la lutte contre le changement climatique sont une opportunité mais comportent également des coûts économiques.
France Stratégie a lancé un exercice de simulation de chocs sur le secteur énergétique : hausse du prix des énergies fossiles, introduction d’une taxe carbone, adoption d’une taxe sur l’électricité afin d’observer leurs impacts sur l’économie française. L’objectif est de mesurer l’effet de la transition énergétique sur la croissance à long terme et d’identifier d’éventuelles politiques conjoncturelles ou structurelles susceptibles de faciliter l’absorption de ces chocs par l’économie.
Quatre équipes de modélisation ont participé à cet exercice : la direction générale du Trésor (modèle Mésange développé avec l’Insee), l’ADEME (modèle ThreeME développé avec l’OFCE), SEURECO (modèle Némésis), le CIRED et EDDEN (modèle Imaclim-R France).
L’utilisation conjointe de plusieurs modèles macroéconomiques est nécessaire pour appréhender toutes les dimensions de la transition énergétique et construire les politiques de lutte contre le changement climatique les plus efficaces possible.
Les impacts sur l’équilibre macroéconomique
- L’impact négatif d’un renchérissement de l’énergie se fait rapidement sentir et peine à se résorber, même à long terme, d’après les modèles macro- économétriques (Mésange, Némésis, ThreeME). Le modèle Imaclim-R induit des dynamiques différentes : à moyen terme (dix ans) ses résultats se rapprochent de ceux des autres modèles, mais à court terme les effets sont plus pénalisants, et plus favorables à long terme.
- Les effets sur l’emploi, le chômage et les salaires varient d’un modèle à l’autre. La fluidité du marché du travail est une variable déterminante. Elle affecte le partage, au sein de la population, des effets d’une hausse du prix de l’énergie et l’efficacité du recyclage (allocation à des fins de compensation) des montants d’une éventuelle taxe sur l’énergie.
Les impacts sur les grandeurs énergétiques
- Les réductions des émissions de CO2 générées par les hausses du prix de l’énergie sont remarquablement proches d'un modèle à l'autre. Le rythme de baisse des émissions diffère d’un modèle à l’autre mais les quatre modèles convergent : au moins 50 % de cette réduction est obtenue au bout de trois ans après un choc sur les prix de l’énergie ou l’instauration d’une taxe énergétique.
- Les réponses en termes de consommation d'énergie finale et d'intensité énergétique diffèrent énormément d'un modèle à l'autre. Pour certains modèles (ThreeMe, Imaclim-R France), la réduction des émissions de CO2 est liée à celle de l'intensité énergétique qui diminue d’environ 10 % à long terme avec une taxe carbone équivalente à 1 % du PIB. Pour d'autres (Némésis) la réduction des émissions de CO2 provient essentiellement d'une substitution entre des énergies plus ou moins polluantes (l’intensité énergétique ne diminue que de 3 % à long terme)
Ces résultats contrastés révèlent des hypothèses technologiques qui différent d’un modèle à l’autre, or celles-ci sont déterminantes pour la formulation de recommandations de politiques économiques favorisant la transition énergétique.
La littérature empirique conclut usuellement que la mise en place d’une taxe sur l’énergie doit être compensée par des allègements de charges et d’impôts, des aides à l’investissement ou un soutien à la R & D pour limiter les effets de distorsion sur la compétitivité. Cette politique de l’offre n’est cependant pas incompatible avec une compensation de la perte de pouvoir d’achat liée au renchérissement de l’énergie que subiraient les ménages les plus modestes.