Collectivement, l’Europe a beaucoup souffert de la crise financière – plus que les autres grandes zones économiques du monde. La crise a révélé la précarité des évolutions suivies depuis le début des années 2000, et sa gestion au coup par coup a mis à l’épreuve la résilience de modèles économiques déjà fragiles. Puis, dans un second temps, des anticipations autoréalisatrices de stagnation ont freiné le redémarrage.
Pour corriger les déséquilibres accumulés pendant la première décennie de l’euro, un ajustement interne de grande ampleur a été déclenché, fournissant à l’histoire économique des épisodes de sous-emploi des capacités productives et de chômage extrêmes. La mobilité des facteurs (capital ou travail) est restée trop réduite, et les instruments structurels d’une politique de croissance n’ont pas été suffisamment mobilisés.
À la mi-2014, les risques de délitement de l’Europe demeurent bien réels. Pourtant, les chantiers de reconstruction de la zone euro engagés ces cinq dernières années sont ambitieux et porteurs de projets institutionnels pérennes.
Ce rapport formule des propositions visant à refonder une Europe porteuse de croissance et d’emploi, de stabilité et d’ouverture au monde :
- une « coopération transnationale » comme méthode d’intégration et de gouvernance, qui s’appuie sur un Trésor européen et sur deux « pools » financiers : un Fonds monétaire européen pour la stabilité financière et un Fonds pour l’investissement de long terme ;
- une Banque centrale européenne (BCE) au mandat élargi ;
- une priorité donnée à la mobilité des citoyens via la portabilité des droits sociaux et un acte unique pour le travail qui approfondisse le socle social ;
- une harmonisation fiscale ;
- et les moyens d’une réelle influence internationale