Ce document de travail revient sur l'évolution globale de la consommation du numérique : entre 2013 et 2017, la consommation globale du numérique est passée, selon le Shift Project, de 2000 à 3000 TWh par an, et atteint près de 14% de la consommation électrique mondiale. D'ici 2025, la consommation énergétique du numérique devrait continuer à croître à un rythme annuel de 10% et pourrait se situer entre 5700 et 7300 TWh en 2025.
La production des équipements et des infrastructures est le principal poste de consommation du numérique : elle représente 45% de la consommation totale du secteur et devrait rester aux alentours de 40% d'ici 2025. La croissance de la consommation énergétique du numérique est particulièrement forte comparée à la croissance globale : en 2017 elle représente environ 2,7% de la consommation globale d'énergie finale au niveau mondial et devrait en représenter en 2025 entre 4,7% et 6%. La traduction de cette consommation d'énergie en émissions de gaz à effet de serre est elle aussi inquiétante : le numérique représente 3,4% des émissions totales de GES en 2017 et devrait représenter 7,6% en 2025.
Deux technologies émergentes suscitent par ailleurs de fortes craintes en termes énergétiques car elles constituent un moteur de la croissance de la consommation énergétique : les crypto-monnaies du fait de l'énergie nécessaire pour le minage et l'internet des objets, dont la production pourrait être fortement énergivore.
Ce document de travail revient ainsi sur la réponse apportée à ces enjeux et à leurs limites. Le progrès technologique est souvent cité comme solution à cette croissance de la consommation énergétique du numérique. Or, s'il permet de réels gains énergétiques unitaires dans les grandes infrastructures numériques, les inefficacités qui perdurent dans la gestion des infrastructures et, surtout, l'accroissement des usages et du trafic internet, ne permettent pas de maitriser la consommation globale. Ce n'est qu'en acceptant de reconnaître l'impuissance de la seule technologie à atteindre les objectifs de maîtrise de la consommation énergétique du numérique, que seront développées les politiques publiques pertinentes, c'est-à-dire celles centrées sur les usages et l'écoconception.