Taxes sur les carburants, efficacité des vaccins, conséquences de l’Euro sur les prix, causes du chômage… les citoyens doutent de plus en plus des expertises sur lesquels les politiques s’appuient pour prendre leurs décisions. Comment les experts travaillent-ils ? Sont-ils dignes de confiance ?
Ils ne sont pas, directement, visés par les slogans des manifestants qui défilent en France depuis quelques semaines. Personne ne réclame leur démission, mais ils sont bel et bien au cœur d’une défiance assez inédite dans notre pays depuis plusieurs années, je veux parler des « experts ». Hauts-fonctionnaires, dirigeants d’entreprise, responsables syndicaux, scientifiques, journalistes, chercheurs, intellectuels… et on en oublie. Dans des registres très différents ces « sachants », ces connaisseurs des grandes questions de notre époque, sont consultés par nos dirigeants au quotidien et parfois très étroitement associés à la fabrique de l’action publique. Et c’est logiquement qu’ils concentrent aussi sur eux les critiques formulées contre cette action publique, qui serait devenue trop distante des citoyens, trop technocratiques, trop sujette, aussi, aux conflits d’intérêts.
C’est l’une des raisons qui ont amené France Stratégie à s’intéresser à cette défiance qui ne date pas, loin s’en faut, de la crise des gilets jaunes.
Expertise et démocratie c’est le titre d’un rapport de l'institution qui vient d'être publié. Et qui nous donne, à nous aussi, l’occasion de nous interroger : les experts sont-ils nécessaires pour le fonctionnement de notre vue publique ? Ont-ils, au contraire, dangereusement empiété sur une souveraineté populaire qu’il faudrait, dès lors, restaurer ?