Poser la question du modèle républicain est une question centrale. Rarement posée, les travaux du CGSP nous en donnent l’occasion.
En effet, le modèle républicain apparaît comme un objet sacré, un remède à large spectre qui serait la solution à tous nos maux. C’est ici que le bât blesse. La « République à la française » manque de capacité à l’aggiornamento face à un monde qui bouge, qui est plastique, voire liquide. Notre modèle, au contraire, forge l’idée d’une France unique, indivisible, homogène, fixe… bref réifiée. Or, les idéaux de cette unité républicaine se heurtent à toutes sortes de discriminations (territoriale, de genre, d’origine) et finalement la République est largement mise à mal.
Mise à mal principalement car nous sommes face à un hiatus entre cette unité républicaine fantasmée – a-t-elle jamais existé ? – et des individus devenus complexes et hybrides. La république à la française, en raison de sa situation surplombante, ne semble pas toujours repérer ces évolutions.
Des évolutions portées par des individus devenus réflexifs, au sens où ils se prennent eux-mêmes comme objet, s’inventent perpétuellement, ont des identités multiples, s’émancipent en quelque sorte. Les avatars sont infinis, les identités se cumulent, rendant quasi insaisissable cet individu vivant dans le monde du 2.0 et d’un mur de Berlin à terre. Un monde permettant l’appartenance à plusieurs communautés, plusieurs modèles, plusieurs pays... Et ce, pour une raison essentielle : le monde post 89 et 2.0 modifie nos appartenances. Ce point est crucial pour notre modèle républicain et l’intégration à ce dernier. Celui qui migre aujourd’hui n’est pas celui qui migrait hier, fermant la porte sur son passé et étant de fait dans une posture favorable à ce que lui demandait le pays d’accueil : son intégration… voire son assimilation.
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