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Rapport
Publié le
Lundi 26 Septembre 2016
Avec plus de 600 programmes à l’étranger, l’enseignement supérieur français s’exporte bien mais reste loin derrière les pionniers anglo-saxons. Un retard concurrentiel qui traduit l’absence de stratégie affirmée des établissements.
L'enseignement supérieur français par-delà les frontières

Au-delà des emblématiques Sorbonne Abou Dhabi ou HEC Paris au Qatar, que sait-on du déploiement à l’international des écoles et des universités françaises ? Pas grand-chose. Ce rapport a donc le mérite de venir combler une lacune en dressant un panorama exhaustif de l’offre française à l’étranger. Mais aussi l’avantage de proposer plusieurs stratégies possibles pour qu’au retard concurrentiel de l’enseignement made in France ne succède pas l’effacement.

Comment s’exporte le campus France ?

Programmes délocalisés, MOOCs, campus internationaux… le développement de nouvelles formes de mobilité dans l’enseignement supérieur ouvre un marché potentiel de 400 millions d’étudiants à l’horizon 2030. Aux enjeux de captation de la demande internationale s’ajoutent ceux de la diplomatie d’influence, du sourcing des hauts potentiels dans un contexte de « guerre des talents », de l’accompagnement des entreprises à l’international… autant de bonnes raisons de prendre vite et bien le tournant du « transnational » !

Bonne nouvelle dans ce panorama : la France ne part pas de zéro. Ses établissements s’exportent. Avec plus de 600 programmes à l’étranger – franchises, campus satellites, établissements associés – dont 330 diplômes délocalisés et 138 programmes de formation à distance, la higher education à la française touche près de 37 000 étudiants à travers le monde. Caractérisée par une offre de niche sur des formations d’excellence au niveau du  second cycle, l’exportation française est d’abord le fait des écoles d’ingénieurs et de commerce, devant les universités qui ne forment qu’un tiers des étudiants à l’étranger alors qu’elles accueillent trois quarts des étudiants étrangers en France. Une (dis)proportion qui explique sans doute que les disciplines droit/économie/gestion forment le gros du bataillon exporté (40 %).

Scénarios de sortie de niche

Mais ce que révèle aussi le rapport, c’est que la France, malgré ses atouts, accuse un retard certain sur ses concurrents, en termes de programmes comme d’effectifs. Sur un marché dominé par les universités américaines, le Royaume-Uni compte typiquement trois fois plus d’étudiants que la France dans ses programmes à l’étranger. Un décalage plus qu’un décrochage, qui n’en reste pas moins inquiétant dans la mesure où cette position « d’entre deux » est moins le résultat d’un choix raisonné que de carences connues.

Si les opportunités sont là, la France manque de ressources, d’expertise et parfois même d’intérêts stratégiques pour les saisir pleinement. C’est en résumé le diagnostic qui ressort de l’enquête menée, auprès des établissements et des postes diplomatiques, par les auteurs du rapport. Relégation des enjeux internationaux au sein d’établissements qui manquent encore d’autonomie, sous-investissement dans les technologies digitales, faible culture de l’évaluation, contraintes réglementaires de la diplomation… les établissements semblent souvent enfermés dans des contraintes « franco-françaises ». Avec pour conséquence des décisions de déploiement qui sont davantage le résultat d’initiatives en ordre dispersé que d’une stratégie articulée.

Comment y remédier ? Au niveau de l’État d’abord, en renforçant à tous les niveaux le pilotage des stratégies internationales et en assurant la qualité et la diversification des moyens de financement de l’offre à l’étranger. Au niveau des établissements ensuite, quatre stratégies sont possibles. Deux d’entre elles formalisent et amplifient la stratégie de niche actuelle : la stratégie du « déploiement par et pour la recherche » et celle du « rayonnement » qui s’inscrit dans la diplomatie scientifique et universitaire. Les deux autres sont davantage en rupture. L’une vise le développement quantitatif de l’offre dans une logique de captation des marchés, via un recentrage sur le premier cycle et une diversification des modalités d’implantation. L’autre vise l’avenir avec un investissement massif dans le numérique et les dispositifs mixtes alliant enseignement dématérialisé et présentiel.

La pire des stratégies est de ne pas en avoir. Si la marque France veut tirer son épingle du jeu concurrentiel, il est urgent qu’elle affiche son volontarisme et positionne clairement son offre.

Céline Mareuge

Infographie Enseignement supérieur

 

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Anciens auteurs de France Stratégie
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