France Stratégie présente les grandes tendances pour l’emploi à l’horizon 2022 et propose des pistes de réflexion et d’actions
Ce rapport met en perspective les grandes évolutions qui contribueront à façonner l’emploi et le marché du travail dans les années à venir. Il se distingue notamment par la présentation de trois scénarios, qui permettent d’apprécier les effets sur l’emploi par métier de l’évolution macroéconomique et sectorielle.
Ce rapport soulève également de nombreuses questions et propose des pistes de réflexion et d’actions, en faveur de l’apprentissage, de l’emploi des séniors, de mixité professionnelle et tire des enseignements en matière de développement des territoires.
1/ Trois grandes tendances générales pour l’emploi à l’horizon 2022 se dégagent du rapport :
- Entre 735.000 et 830.000 emplois à pouvoir par an entre 2012 et 2022
Selon les différents scénarios (voir encadré), entre 735.000 et 830.000 emplois seraient à pourvoir chaque année, dont environ 80% correspondent à des départs en fin de carrière (retraite). Ainsi, ce seraient entre 115.000 et 212.000 créations nettes d’emplois par an.
- Une tertiarisation des emplois
Les métiers du commerce et des services devraient continuer à se développer, avec notamment de fortes créations d’emplois dans les professions de santé (à l’exception des médecins) et de services aux personnes. On observe également un développement du secteur des services à l’industrie, particulièrement dynamique.
- Une relative polarisation vers les emplois qualifiés
Cette polarisation se traduirait par une forte progression de l’emploi dans les métiers très qualifiés (principalement les métiers de cadres), par une diminution du poids des ouvriers et des employés qualifiés et la relative stabilité de la part des ouvriers et des employés peu qualifiés.
2/ À l’horizon 2022, les 5 secteurs les plus dynamiques en termes de créations d’emplois seraient :
- Santé, action sociale, culturelle et sportive
- 2,6 millions de personnes employées dans ce secteur en 2010-2012
- Créations d’emplois d’ici 2022 : + 303 000
- Départs en fin de carrière : près de 549 000 personnes
- Postes à pourvoir : + de 850 000
- Perspectives d’emploi : très favorables
- Métiers de services aux particuliers et aux collectivités
- Plus de 3 millions de personnes employées dans ce secteur en 2010-2012
- Créations d’emplois d’ici 2022 : + 313 000
- Départs en fin de carrière : 866 000
- Postes à pourvoir : 1 200 000
- Perspectives d’emploi : très favorable
- Hôtellerie, restauration, alimentation
- Plus de 1,2 million de personnes employées dans ce secteur en 2010-2012
- Évolution envisagée d’ici 2022 : + 150 000 (+1,2 % en moyenne par an)
- Départs en fin de carrière : 225 000 personnes
- Postes à pourvoir : 375 000
- Perspectives d’emploi : favorables
- Informatique
- Plus de 560 000 personnes employées dans ce secteur en 2012
- Évolution envisagée d’ici 2022 : + 1,8% par an
- Départs en fin de carrière : 81 000 personnes
- Postes à pourvoir : 191 000
- Perspectives d’emploi : favorables
- Gestion, administrations des entreprises
- Plus de 2,5 millions de personnes employées dans ce secteur en 2012
- Évolution envisagée d’ici 2022 : + 0,8% par an
- Départs en fin de carrière : 614 000 personnes
- Postes à pourvoir : 823 000
- Perspectives d’emploi : favorables
3/ Zoom sur les jeunes, les seniors, les femmes et les territoires (diagnostics et pistes d’actions)
- Un marché de l’emploi plus favorable aux jeunes
Les perspectives d’emploi sont plus favorables pour les jeunes que pour les autres catégories d’âge de la population active. Elles seraient plutôt favorables aux jeunes diplômés du supérieur long, étant donné le dynamisme des professions les plus qualifiées et la part importante des jeunes débutants dans nombre de ces métiers. Néanmoins, le risque accru de concurrence entre diplômes pourrait entraîner des phénomènes de déclassement en chaîne (en particulier dans le scénario de crise) et une exclusion du marché du travail pour les jeunes les moins qualifiés.
Action : Lutter contre le décrochage scolaire et développer l’apprentissage dans les filières où il est encore peu développé.
- Des perspectives contrastées pour l’emploi des seniors selon les métiers
La question du maintien et du retour en emploi des seniors d’ici 2022 se posera de façon spécifique selon les métiers. L’amélioration de la qualité de l’emploi et la diversification des parcours professionnels pourraient particulièrement viser les métiers d’aide et de soins aux personnes. Les reconversions professionnelles concerneraient plus spécifiquement les salariés en milieu ou fin de carrière dans des métiers fragilisés (ouvriers par exemple). Cela nécessite un accès à la formation continue renforcé, notamment dans les métiers où les transformations technologiques ou organisationnelles sont rapides. Une réflexion pourrait être engagée sur l’élargissement du recrutement aux seniors dans des métiers où leur place est encore ténue (vendeurs, employés de l’hôtellerie-restauration…). Enfin, la prévention de « l’usure au travail » mériterait une attention accrue dans les métiers pénibles et présentant des risques pour la santé.
Action : Favoriser le maintien et le retour dans l’emploi des seniors
- Un développement de la parité dans l’ensemble des catégories professionnelles
Les femmes pourraient former 49,1 % de la population en emploi en 2022, contre 47,7 % en 2012, en progression ininterrompue depuis 1975. Cette progression résulterait de l’accroissement de leur part dans les métiers les plus qualifiés. Selon les projections, les créations d’emplois dans les métiers de soins et d’aide à la personne, très féminisés, devraient toujours être très dynamiques à l’horizon 2022. La mixité professionnelle, aujourd’hui faible et concentrée en bas de la hiérarchie, est un enjeu central pour élargir tant les perspectives d’emploi pour les actifs que les viviers de recrutement pour les entreprises.
Action : Favoriser le renforcement de la mixité dans les filières de formation et dans les emplois et valoriser l’accès des femmes à certains métiers aujourd’hui occupés majoritairement par des hommes.
- Un risque de répartition inégale de l’emploi selon les territoires
La fragilité des espaces ruraux, des petites villes et des villes moyennes pourrait être renforcée au regard des évolutions d’emploi projetées. En effet, les « métiers fragiles » au niveau national (métiers agricoles, ouvriers industriels, certains employés administratifs) sont davantage situés en dehors des grandes aires urbaines, les métiers à fort potentiel de création d’emplois sont plus souvent présents dans les métropoles. Si les jeunes, les cadres et les salariés de la fonction publique changent davantage de région, les seniors, les ouvriers industriels et les employés peu qualifiés ont une mobilité géographique plus faible.
Action : Opter pour une économie dynamique portée par les métropoles et mettre en œuvre des mécanismes de diffusion de la croissance sur l’ensemble du territoire.