La RSE est souvent présentée comme un ensemble d’actions relevant exclusivement de l’« initiative volontaire », seule capable d’une transition vers le développement durable dans un contexte concurrentiel. À l’opposé, d’autres affirment que le changement ne peut résulter que d’un volontarisme normatif (notamment réglementaire). Problème : d’un côté, pourquoi un individu adopterait-il spontanément une conduite qu’il n’avait pas auparavant ? de l’autre côté, pourquoi respecterait-il scrupuleusement une prescription, même réglementaire, par le seul fait de l’énoncer, alors qu’elle contredit ses comportements habituels et les bonnes raisons qui l’animent ?
Plutôt que discuter les valeurs morales respectives de ces positions – le chercheur n’est pas un directeur de consciences –, nous interrogerons cette opposition binaire : ne traduit-elle pas paradoxalement une représentation partagée selon laquelle, sans règle, l’individu agit à sa guise, selon son libre-arbitre, et que symétriquement la règle lui enlève toute liberté par son seul énoncé ?
De nombreux travaux en sciences sociales, à commencer par le droit et la psychologie sociale, proposent une compréhension des conduites individuelles et de l’effectivité des règles, de la co-construction des structures et des acteurs, sur laquelle chacun peut s’appuyer pour réaliser des projets de changements économiques qui sont aussi des changements comportementaux.
Kathia Martin-Chenut, CNRS, ISJPS, université Paris-I Panthéon-Sorbonne et Jean-Pierre Chanteau, université Grenoble Alpes, CREG, RIODD introduiront la thématique qui sera ensuite développée par Mireille Delmas-Marty, Collège de France et Robert-Vincent Joule, université de Provence Aix-Marseille, Laboratoire de Psychologie Sociale.
Le séminaire se déroulera le 28 février de 14h30 à 17h30 à l'École des Mines - Salle L 118
60, boulevard Saint-Michel - 75006 Paris