Avec ces notes, le Commissariat général à la stratégie et à la prospective engage un débat de fond sur les enjeux essentiels pour l’avenir de notre pays. En effet, à l’issue du séminaire gouvernemental du 19 août, le Président de la République a souhaité que l’élaboration du projet « Quelle France dans 10 ans ? » fasse l’objet d’une large consultation, associant experts, partenaires sociaux, élus, société civile et citoyens.
« Ces documents n’ont pas pour objet d’apporter des réponses, mais de poser des questions. Chacun d’entre eux propose un constat, formule un diagnostic prospectif, et dessine des choix possibles. Il ne s’agit pas de points d’aboutissement mais de points de départ, de documents de travail dont la finalité est d’offrir une base construite à la discussion qui va maintenant s’ouvrir. Notre souhait est que le débat qui s’ouvre soit large et exigeant. Au cours des six prochaines semaines, nous multiplierons les occasions d’éprouver l’exactitude de nos diagnostics et de tester la pertinence de nos questions», précise Jean Pisani-Ferry, Commissaire général.
À l’issue de cette phase de débats, le CGSP s’attachera à clarifier les perspectives pour les 10 ans à venir au travers d’un diagnostic prospectif, à proposer un nombre restreint de priorités nationales déclinées en objectifs chiffrés et à identifier les leviers d’action. Le rapport final « Quelle France dans 10 ans ? » sera remis au Président de la République et au Premier ministre à la fin de l’année 2013.*
Les notes d’introduction au débat national
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Place au Débat par Jean Pisani-Ferry, Commissaire général à la stratégie et à la prospective
Le modèle productif français s'est peu adapté à la mondialisation et à l'arrivée des innovations. Les atouts de la France, encore nombreux, sont aujourd'hui contrebalancés par de réelles faiblesses dans certains domaines, avec comme résultat une dégradation des positions dans l'échange international et un chômage élevé. La France doit faire des choix décisifs pour rendre plus performant son modèle productif, mieux tirer les bénéfices de la mondialisation et des innovations et réduire durablement le chômage.
Le modèle social français a accompagné le développement économique et social de notre pays et demeure une composante centrale de notre cohésion nationale. Mais il est confronté à une triple crise de légitimité, de solvabilité et d’efficacité. Face aux nouveaux risques sociaux et à la montée des inégalités, l’enjeu consiste à repenser les objectifs et les moyens du modèle social, dans une économie européenne et mondialisée.
Les enjeux environnementaux, sociaux, productifs et budgétaires que nous devrons relever sont extrêmement interdépendants. Une croissance « soutenable » doit répondre aux besoins du présent sans compromettre les chances des générations futures. Un premier essai de diagnostic vise à permettre d’identifier les arbitrages que nous devrons réaliser en priorité.
Depuis la création de notre modèle républicain, la société est devenue plus diverse. Les discriminations et les inégalités sociales et territoriales sont de moins en moins tolérées. Les citoyens aspirent également à de nouvelles formes de participation. Il semble donc nécessaire de repenser notre « vivre-ensemble ».
L'Europe apparaît parfois comme la responsable des difficultés françaises ou, inversement, comme le seul espoir de demeurer un acteur qui pèse sur la scène mondiale. Au-delà de telles positions tranchées, l’évidence est que les futurs de la France et de l’Europe sont de facto très liés. Il est donc nécessaire pour la France de clarifier sa manière d’être à l’initiative pour aider l’Europe à se redresser.